Prématurité : Quels sont les risques de pathologies associées pour les bébés nés avant terme ? Où en est la recherche ?
Les enfants nés prématurément sont plus susceptibles de développer des problèmes de santé en grandissant. Pour quelles raisons ? Quelles sont les pathologies associées ? Quelle surveillance mettre en place ? Nous vous apporterons des précisions sur le sujet.
Quand parle-t-on de prématurité ?
Un enfant est considéré comme prématuré s’il naît avant 8 mois et demi de grossesse, soit 37 semaines d’aménorrhée (SA) au lieu des 41 semaines d’aménorrhée prévues.
Les 3 niveaux de prématuré :
- La prématurité dite « moyenne ». Elle correspond à une naissance entre la 32e et la 36e SA révolue (7 mois à 8 mois de grossesse) ;
- La grande prématurité : elle concerne les naissances qui interviennent entre la 28e et la 32e SA (6 mois à 7 mois de grossesse) ;
- La très grande prématurité : elle concerne les naissances ayant lieu avant 28 semaines, soit en deçà de 6 mois de grossesse.
Selon l’Inserm, sur environ 755 000 naissances annuelles en France, 15% des bébés sont de grands prématurés et 5% de « très grands » prématurés. Si 70% de ces naissances ont lieu de manière spontanée en raison d’un travail précoce, les autres sont effectuées par césarienne en raison d’un risque détecté pour la santé de la maman ou de l’enfant comme : un retard de croissance grave du fœtus, une hypertension artérielle sévère chez la mère, du diabète gestationnel, une pré-éclampsie, une anomalie du placenta ou encore une hémorragie maternelle. Les causes sont multiples…
Pour quelles raisons sont-ils plus à risque de développer un problème de santé en grandissant ?
Les enfants prématurés présentent une immaturité physiologique. Leur développement in utéro ayant été interrompu, leurs organes sont encore immatures et donc fragilisés. Leur système nerveux central, leurs voies respiratoires et digestives ou encore leur système immunitaire sont alors particulièrement vulnérables.
Une prise en charge médicale en néonatalogie pouvant aller de quelques semaines à plusieurs mois selon leur état général et leur poids de naissance est alors essentielle pour leur donner les meilleures chances de survie et de développement. Lorsque l’enfant poursuit son développement sans complications graves, qu’il respire de façon autonome (sans assistance respiratoire) et que sa croissance est estimée satisfaisante par l’équipe médicale, il peut par la suite rentrer chez lui.
Mais le suivi ne s’arrête pas pour autant. La prématurité expose en effet davantage les enfants à des risques de développer des problèmes de santé. Il est pour cela nécessaire d’assurer une surveillance médicale pointue, afin de détecter tout éventuel trouble.
Quels sont les troubles qu’ils peuvent développer ?
Les enfants nés prématurément présentent un risque plus élevé de développer différents troubles ou encore une infertilité. Parmi les pathologies identifiées on recense :
- Des troubles neurologiques : La paralysie cérébrale, des convulsions ou des troubles du développement.
- Des troubles respiratoires : De l’apnée du prématuré.
- Des troubles gastro-intestinaux : Le reflux gastro-œsophagien, une entérocolite ou une insuffisance intestinale.
- Des troubles de la vision : La rétinopathie du prématuré.
- Des troubles de l’apprentissage et du comportement : un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et des troubles du spectre autistique (TSA).
Il est toutefois important de préciser que tous les enfants nés trop tôt ne vont pas forcément présenter des complications à long terme. Le risque et la gravité peuvent varier en fonction de nombreux facteurs, tels que :
- Le degré de prématurité ;
- Le poids à la naissance ;
- Son état de santé général.
Quel est le suivi médical préconisé ?
Les enfants prématurés doivent être suivis régulièrement par leur pédiatre via une surveillance continue, pour détecter toute complication éventuelle, qu’elle soit physique, cognitive ou sociale et cela tout au long de leur enfance.
Des tests sont également réalisés afin de détecter d’éventuels problèmes de santé tels que des troubles de la vision, des troubles de l’audition et des troubles du développement. Un suivi nutritionnel peut également s’avérer nécessaire car ils peuvent nécessiter une supplémentation en nutriments, pour assurer une croissance normale.
Ce suivi médical doit être personnalisé et adapté à l’enfant et ses besoins individuels pour assurer son développement et sa bonne santé à long terme.
Des travaux de recherche prometteurs pour réduire les complications à long terme chez les enfants nés prématurésUne équipe de chercheurs et chercheuses de l’Inserm, du CHU de Lille et de l’Université de Lille, ont découvert le rôle clé d’une enzyme et le potentiel thérapeutique du neurotransmetteur qu’elle synthétise : le monoxyde d’azote. Il pourrait réduire le risque de complications à long terme en cas de prématurité. Un essai clinique en coursL’équipe de recherche a par ailleurs lancé un essai clinique au CHU de Lille en partenariat avec un hôpital d’Athènes (Grèce) pour aller plus loin et mesurer l’effet du monoxyde d’azote chez des enfants prématurés. « L’administration de monoxyde d’azote à la naissance pourrait réduire le risque de complications reproductives, sensorielles et intellectuelles chez les enfants nés prématurément. C’est ce que nous allons tenter de vérifier après avoir fait ces découvertes étonnantes chez la souris », expliquent Vincent Prévot et Konstantina Chachlaki, qui coordonnent ensemble le projet européen miniNo dédié à étudier le rôle de la mini puberté chez les enfants nés prématurés. Cet essai a pour objectif de vérifier si les enfants bénéficiant de ce traitement ont une mini puberté puis une puberté normale et s’ils développent moins de complications sensorielles et neurologiques, par rapport à des enfants prématurés n’ayant pas reçu de monoxyde d’azote à la naissance. L’objectif de l’essai clinique est d’inclure 120 patients sur les deux sites (Lille et Athènes) dans les deux prochaines années. |
Sources :
- https://www.inserm.fr/dossier/prematurite/
- https://www.informationhospitaliere.com/bebes-prematures-quel-suivi-pendant-et-apres-la-neonatalogie
- https://presse.inserm.fr/nouvelles-pistes-pour-reduire-les-complications-a-long-terme-chez-les-enfants-nes-prematures/65769/
- https://www.fhpmco.fr/2021/05/21/depeche-expert-n622-1000-jours-naissance-engagements-gouvernementaux-et-appels-a-projets-territoriaux/