Dr Richard Mallet, vice-président et responsable de la commission développement durable de l’AFU (Association française des urologues), urologue à l’Hôpital Privé Francheville, Périgueux (24)
Que propose l’AFU pour une chirurgie plus verte ?
La santé, 5e producteur de CO2 sur la planète et émettrice de 8 à 10 % des gaz à effet de serre sur le territoire français, doit s’interroger sur sa durabilité. C’est pourquoi il y a 3 ans, nous avons créé à l’AFU la commission développement durable.
Afin d’uniformiser les pratiques au bloc, notre réflexion s’est concentrée sur le bloc opératoire et la gestion des déchets, avec la création de visuels qui permettent d’expliquer et de guider les urologues dans leur pratique. Beaucoup de déchets sont – à tort – mis dans les DASRI dont le traitement est coûteux et polluant. Leur destruction est 3 fois plus polluante que les déchets d’activité de soin non dangereux (DASND).
Pour tous les urologues, en libéral ou en établissement, nous éditons un manuel de bonnes pratiques en développement durable. Ce guide, accessible en ligne sur notre site, recense les bonnes pratiques en matière de gestion des déchets mais aussi propose des actions en faveur de la maîtrise de la consommation énergétique, des recommandations sur la sécurité numérique et l’entretien du parc informatique, la rationalisation des transports des patients au profit du covoiturage ou des transports collectifs et la mise en place de la vidéo consultation ou de centres de consultations décentralisés.
Sur le terrain comment insuffler ces bonnes pratiques ?
L’objectif de l’AFU est d’accompagner la création de commissions développement durable au sein des établissements pour instaurer une action commune. L’urologue doit entraîner l’ensemble des partenaires de l’établissement : administratifs, pharmaciens, infirmiers, … Et puis, nous éditons en janvier de cette année, le manuel de l’urologue écoresponsable en centre de consultation.
Le bilan carbone des technologies utilisées dans votre pratique est-il intégré dans vos réflexions ?
Nous projetons de chiffrer les émissions de CO2 de la robotique que nous utilisons. De plus, la désinfection des endoscopes utilise des effluents toxiques, jetés par la suite dans les eaux usées. Une sous-commission a été créée pour travailler avec les industriels sur ce sujet.
Enfin en janvier et février 2023, dans 4 établissements nous évaluerons le poids écologique global : émissions directes et indirectes d’une urétéroscopie souple – un acte médical réalisé 70 000 fois tous les ans en France. Nous procéderons à une étude en fonction du type de laser, de l’uréthéroscope, du nécessaire arbitrage entre usage unique ou matériel réutilisable. Notre objectif n’est pas de culpabiliser les praticiens mais de réfléchir à ce qui est écologiquement bénéfique, tout en veillant à améliorer la sécurité et la qualité de notre pratique. Nous sommes très motivés…