Dr Jérôme Marty, Président de l’Union française pour une médecine libre syndicat
En 2023, qu’est-ce que vous ne voulez plus voir dans le système de santé ?
Je ne veux plus voir le déni de la médecine libérale. Les politiques confondent santé publique et hôpital public. Ils ne s’occupent que de l’hôpital et c’est la raison pour laquelle nous en sommes là. Il faut se pencher impérativement sur le système libéral car c’est le seul qui peut sauver l’hôpital public. Les deux sont intrinsèquement liés. Si la médecine de ville va mal, l’hôpital va mal. Si l’hôpital va bien, la médecine de ville ne va pas forcément bien. 95 % des patients passent par la médecine de ville avant d’aller à l’hôpital et la quasi-totalité d’entre eux se tournent vers la médecine de ville à leur sortie.
Nous avons deux joyaux en France : l’Assurance maladie, nous sommes le seul pays au monde où un SDF peut être opéré à cœur ouvert et où on cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins. L’autre joyau est d’avoir deux systèmes : l’hôpital et la médecine de ville. C’est une chance qu’il nous faut préserver !
En 2023, qu’attendez-vous ?
Que l’on donne les moyens à la médecine de ville de fonctionner selon le modèle que les médecins ont choisi et qu’ils ont construit. Les études médicales sont longues, les médecins ont le temps et les moyens de choisir leur mode d’exercice. Ils sont formés à 90 % par l’hôpital qu’ils choisissent pour beaucoup car ils veulent faire de l’enseignement, de la recherche, avoir accès à un environnement hightech, ou travailler en équipe. S’ils choisissent le mode libéral, c’est pour avoir un mode réactif, être capitaines de leur entreprise médicale, ils aspirent à amener le soin au patient quand l’hôpital attend que le patient vienne à lui.
Si le politique veut développer la médecine libérale, il faut respecter cette structure mentale, sinon, c’est l’échec assuré. Développer des IPA, autoriser des actes aux pharmaciens, oui, mais avec nous, en co-construction. Remplacer des médecins manquants par des professionnels qui ont des formations parcellaires, tout le monde y perdra et le patient en premier. J’attends qu’on laisse la médecine libérale se développer selon ses modes d’exercice.
Quelle serait l’organisation avancée que vous appelleriez de vos vœux au-delà de 2023 ?
Une organisation qui jouit d’une véritable démocratie sanitaire ! Nous payons les 30 dernières années d’absence de démocratie sanitaire. À l’UFML, nous voulons donner beaucoup plus de pouvoir au patient et au soignant avec un droit d’opposition des deux parties. Les trois parties – l’administration, le patient, le soignant -, doivent décider de tout ce qui concerne l’organisation du soin. Leurs représentants doivent être élus et les associations de patients doivent être financées par l’impôt et non plus par les subventions qui les obligent. À l’instar de la taxe versée par les entreprises pour la formation, une cotisation financerait les associations de patients que nous serons tous un jour.
Mon second vœu est de sortir les tarifs de l’Ondam afin qu’ils puissent être indexés sur l’inflation. L’État n’a pas compris qu’investir dans la santé était un des meilleurs investissements qui soit !