Pr Corinne VONS, présidente de l’Association française de chirurgie ambulatoire (AFCA)
Vos prochaines Journées nationales de chirurgie ambulatoire JAB auront lieu les 7 et 8 juin 2022 en présentiel, quels sont les thèmes clés de cette année ?
Les JAB sont avant tout une source d’enrichissement personnel et professionnel pour tous les acteurs de la chirurgie ambulatoire, chirurgiens, anesthésistes, infirmières, aides-soignantes, IBODE, IADE, cadres de soins, directeurs de soin, qualité, de parcours, ingénieurs hospitaliers…, avec des sessions de sensibilisation, d’information, de bonnes pratiques, de formation, d’innovation, de retours d’expérience, et sur les travaux des institutions. Les JAB sont aussi l’occasion pour chacun de prendre le pouls de notre activité qui est encore en mutation, et de se comparer avec l’international.
L’un des thèmes phares de cette année est celui de la précarité de certains patients et la chirurgie ambulatoire, un sujet pertinent pour les équipes, car l’isolement social des patients est fréquemment cité dans les freins à l’éligibilité à la chirurgie ambulatoire. Parmi les patients isolés, les plus précaires et les plus vulnérables tiennent une place importante. Pourtant, ces patients plébiscitent la prise en charge ambulatoire, ils la revendiquent même ! ATD Quart-monde qui organise cette session se fera leur porte-parole (et ils seront présents) et nous apportera une vision éclairée de leurs souhaits et ressentis (expérience patient), qui nous manque totalement.
Une autre session portera sur l’apprentissage par la simulation : « Jamais la première fois sur le patient ». Issues de l’expérience acquise auprès de métiers à risque tels que celui de l’aéronautique, plusieurs méthodes de simulation en soins ont été développées, notamment des scénarios, des applications, des serious games… qui concourent en priorité à la sécurité du patient, qui reste l’objectif ultime recherché. Des collègues belges notamment viendront nous faire part de leurs bonnes pratiques.
Nous aborderons également le thème du travail en équipe. Beaucoup admettront que le travail en équipe à l’hôpital n’est pas une évidence, surtout si on compare la France à l’étranger, le Danemark notamment, où toutes les équipes s’arrêtent à 17h pour boire le thé ensemble, un rituel incontournable. Cette session sera très pratico-pratique et nous permettra de prendre de la hauteur, avec notamment le retour de soignants qui ont testé un simulateur de vol d’Airbus A320, afin d’analyser l’importance des compétences non techniques.
Quels sont les pays, spécialité et métier invités cette année ?
La Norvège est le pays à l’honneur cette année. Les pays nordiques sont en avance sur nous. Ils ont des organisations différentes, moins pyramidales avec un travail d’équipe plus poussé, c’est culturel.
Comme chaque année, la meilleure communication, vidéo et le meilleur poster seront récompensés et les lauréats pourront effectuer un stage d’immersion de deux jours dans une unité de chirurgie ambulatoire (UCA) dans le pays d’Europe de leur choix. Nous les envoyons dans des UCA de pays partenaires de l’AFCA.
La spécialité invitée est la chirurgie digestive et générale et en particulier la chirurgie lourde et en urgence. Nous avons fait en France des avancées importantes en chirurgie digestive avec des appendicectomies réalisées en ambulatoire, des sleeves en chirurgie bariatrique, et désormais les thyroïdectomies. Des chirurgiens étrangers viennent désormais voir ce que nous faisons, c’est encourageant.
Et le métier invité est… l’ingénieur hospitalier. L’organisation et la gestion des flux sont la colonne vertébrale de la chirurgie ambulatoire et nous iront dans les coulisses de l’hôpital pour parler de planification, logistique, traçabilité… mais aussi de Lean management. Ces professionnels nous révèleront leurs incontournables techniques et outils.
Une table ronde aborde les réadmissions à 30 jours, pourquoi un tel indicateur ?
La réadmission à 30 jours est un indicateur qualité pour la chirurgie ambulatoire. Si un patient n’est pas réadmis dans les 30 jours après une hospitalisation, c’est un signe de qualité de soins. Ces chiffres ne sont pourtant pas disponibles par nos institutions en France, alors que nos collègues étrangers le font, et même pour certains en font une valeur de laquelle dépend le financement des hôpitaux, véritable incitation à la qualité. Mais il semble que les choses bougent petit à petit, avec la mise en place d’indicateurs de résultats – et non plus seulement de moyens – en chirurgie ambulatoire. La HAS viendra nous parler des résultats de ses travaux en ce sens.
Autre grand sujet, la réforme des autorisations de chirurgie. La DGOS viendra nous donner des informations de première main. Nous souhaitons que la chirurgie ambulatoire d’un point de vue législatif soit dans le giron de la chirurgie, et non plus dans celui des alternatives à l’hospitalisation (HAD, HDJ de médecine, rééducation).
Le développement de la chirurgie ambulatoire n’est jamais une chose acquise. Ce vrai changement des pratiques est encore aujourd’hui une charge de travail supplémentaire, avant l’intervention, lors de contacts téléphoniques, ou à l’aide d’autres outils de communication, le jour J sur moins de 12h, et pour la qualité, la sécurité et la satisfaction des patients. Cela peut générer plus de stress. Il faut donc valoriser ceux qui la pratiquent, ne pas lâcher, au risque de voir leur établissement faire marche arrière. La crise Covid nous a montré combien les organisations peuvent se faire et se défaire rapidement, donc il ne faut pas baisser la garde.
Alors venez nombreux aux JAB 2022 !!
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