Nicolas BIOULOU, président de la FHP Bretagne
Vous venez d’être réélu pour un troisième mandat à la présidence de la FHP Bretagne, quels sont vos principaux dossiers ?
Tout d’abord, je tiens à remercier les adhérents de la FHP Bretagne pour leur confiance renouvelée. Je démarre ce mandat dans la continuité du précédent avec deux principaux dossiers.
D’abord, celui de la réanimation. La région Bretagne accuse un déficit de 40 % de lits de soins critiques rapporté à la population, et nous sommes, avec les Pays de la Loire, la seule région dans laquelle l’hospitalisation privée ne dispose d’aucun lit de soins critiques. L’épidémie de la Covid a souligné combien ce déficit était grave. L’ARS entend nos demandes et doit apporter une réponse dans le cadre du plan national qui prévoit une augmentation des capacités dans certaines régions dont la Bretagne, mais on sent de fortes réticences de la part des autres acteurs de soins. Ce sous-équipement pose aussi le problème de la formation des soignants qui, en nombre, est fatalement restreint. Cette situation est très préjudiciable quand il s’agit d’upgrader des lits, car les ressources n’existent pas sur le territoire. D’ici l’été, l’ARS pourrait répondre au besoin et passer à 200 places de réanimations, soit 40 lits supplémentaires.
L’autre dossier est celui de la formation des soignants. Les membres de la FHP Bretagne sont à la gouvernance d’un centre de formation d’aides-soignants (IFAS) qui accueille une soixantaine d’étudiants, ce qui très insuffisant pour répondre à la demande des structures sanitaires et médico-sociales situées à proximité. Nous travaillons avec la région et l’ARS pour obtenir de nouveaux agréments. Nous souhaiterions créer des instituts d’aides-soignants et d’infirmiers dans des villes de taille moyenne, proches du domicile des étudiants.
Enfin, nous accompagnerons les adhérents dans cette période de grandes réformes de financement, d’autorisation et d’élaboration du projet régional de santé.
D’ici la fin de mon mandat, je souhaite avoir fait avancer l’équité entre acteurs hospitaliers publics et privés et avoir contribué à la valorisation de l’hospitalisation privée auprès des décideurs bretons.
Quelle est la situation épidémique aujourd’hui en Bretagne ?
Elle est très préoccupante. Épargnée jusqu’alors, notre région connaît aujourd’hui son plus fort taux de contamination (avec janvier 2022). Certains établissements de santé enregistrent jusqu’à 30 % de baisse d’activité en raison de personnels, de médecins ou de patients atteints de la Covid. L’activité de soin est habituellement forte en cette période pour prendre en charge les patients courants auxquels s’ajoutent les retards de soin des deux dernières années. À cet absentéisme conjoncturel se grève une pénurie structurelle de soignants. L’équation est très complexe.
Les tarifs 2022 ont été publiés le 8 avril, qu’est-ce que cette situation vous inspire ?
Alors que le PLFSS a été voté en décembre dernier et que les grands agrégats de la campagne tarifaire sont connus, il est incompréhensible de ne pas disposer des tarifs plus tôt. Les établissements et les professionnels médicaux ne peuvent pas facturer et sont donc sans revenus depuis 40 jours ! Pourquoi ne dispose-t-on pas d’avance de trésorerie de façon généralisée ? Rappelons qu’une semaine supplémentaire est nécessaire pour adapter les logiciels. Cette situation est inacceptable !