Sage-femme : Un métier en mutation

Le positionnement des sages-femmes dans les métiers du soin est particulier. Avec un pouvoir de diagnostic et un droit de prescription, les sages-femmes forment une profession médicale à compétences définies. Elles ont fait entendre leur insatisfaction et ont obtenu la publication d’un rapport IGAS dans lequel la FHP-MCO retrouve certaines de ses propositions en faveur de l’élargissement des compétences des sages-femmes.

La loi dite « Rist » d’avril dernier a déjà permis de faire un pas en avant en reconnaissant les sages-femmes comme les référentes du parcours des 1 000 jours. Par exemple, la sage-femme peut adresser ses patientes à un médecin spécialiste sans passer obligatoirement par le médecin traitant et sans que la patiente soit pénalisée dans sa prise en charge. Cette place privilégiée leur permettra de veiller sur la prise en charge globale de la femme et de sa famille au sein des maternités, et sur la coordination des soins hospitaliers et de ville.

Elles aspirent à déployer des parcours de prévention, de suivi de grossesse, de construction à la parentalité… et ne veulent pas limiter leur activité principalement à la mise au monde de l’enfant. Les sages-femmes salariées des cliniques et hôpitaux privés doivent pouvoir coter ces actes comme leurs homologues libérales ou celles des établissements de santé publics. Une bonne solution également pour lutter contre les déserts médicaux.

D’une manière générale, il est nécessaire de redéfinir les rôles des acteurs de la naissance – sages-femmes, gynécologues-médicaux ou obstétriciens, médecins généralistes, pédiatres. Au bénéfice de tous, avoir une reconnaissance de leurs compétences leur permettant d’accompagner les femmes pour tous types de naissances, sans rupture dans la prise en charge serait également profitable. Une évolution de la réglementation permettant cette intervention des sages-femmes pour les césariennes, tant en accompagnement de l’obstétricien, qu’en suivi en salle de surveillance post interventionnelle, est nécessaire. Elle pourrait passer par la reconnaissance d’une équivalence des compétences prévues au diplôme d’infirmière pour les sages-femmes comme cela a été le cas jusqu’en 2009 et par une évolution des dispositions du code de la santé publique pour leur intervention au bloc de naissance et en salle de surveillance post interventionnelle pour l’accompagnement des césariennes. Par ailleurs, la création d’un acte de sécurisation assuré par le médecin permettrait de reconnaître son rôle dans un accouchement réalisé par une sage-femme qui, elle aussi parallèlement, doit être en capacité de coter son acte. Et pour aller encore plus loin, des passerelles seraient judicieuses pour permettre aux sages-femmes d’intégrer l’internat de gynécologie-obstétrique.

Le grand projet des 1 000 jours invite à poser un nouveau regard sur la naissance, il nous donne l’occasion de repenser l’organisation de la périnatalité et d’accompagner les nécessaires évolutions des métiers. Il nous appartient d’être innovants.

Frédérique Gama
Présidente de la FHP-MCO