Clotilde Dubray-Vautrin, déléguée régionale de la FHP Normandie
Quelles sont les actions que vous avez menées dans le cadre des élections régionales ?
Nous avons transmis la plaquette de la FHP aux différents candidats accompagnée d’un courrier. Nous avons reçu un seul retour très argumenté d’un candidat manifestement intéressé par la santé et deux messages de remerciement. Donc peu de retours, mais nous n’étions pas prêts cette année pour faire davantage.
Lors des dernières élections municipales, nous avions mené un travail équivalent auprès des candidats des communes sur lesquelles des établissements privés sont situés. Les retours avaient été plus nombreux et nous avions reçu une demande de rendez-vous.
Le conseil d’administration vient de valider la création d’un groupe de travail pour organiser cette influence en direction des élus dans la perspective des élections présidentielles. L’influence est un métier à part entière pour lequel nous devons nous doter de compétences et qui demande aussi l’engagement des adhérents.
Quels sont les dossiers actuellement sur votre bureau ?
Le Ségur dans ses différents volets RH et plan d’investissement. Les établissements rencontrent de grandes difficultés dans leurs NAO et leur recrutement. Les revalorisations salariales dans le secteur public sont connues mais le secteur privé n’est pas en capacité de s’avancer en l’absence d’accord de branche au niveau national. S’ajoutent les tensions RH récurrentes durant les périodes d’été. Enfin, du fait du Covid, des étudiants aides-soignants et infirmiers n’ont pas pu valider leurs stages et donc obtenir leur diplôme. Or en période d’été, nous faisons souvent appel à ces jeunes diplômés que nous tentons de fidéliser par la suite. En Normandie, nous avons deux IFAS privés à Evreux et Avranches. Nous sommes donc dans une conjonction de problématiques qui rendent les prochaines semaines très compliquées à gérer pour les établissements. Mon rôle est de leur apporter un soutien d’une manière ou d’une autre mais je ne suis pas recruteur. En revanche, je peux intercérer auprès de l’ARS et demander des assouplissements des quotas dans les services où il y en a et alerter sur les difficultés de terrain qui peuvent mener à des fermetures de services.
Nos relations sont bonnes avec l’ARS Normandie qui reste néanmoins le garant des comptes des hôpitaux publics. Dans ce conflit d’intérêt, on ne peut pas toujours obtenir gain de cause.
Concernant le SAS, nous n’avons pas été sollicités par l’ARS qui considère que ce sujet concerne le premier recours et donc pas les établissements sanitaires. Pour l’heure, ils ne travaillent qu’avec les CPTS et les maisons de santé mais il faudra à un moment que les centres de soins non programmés privés soient associés. Il y a deux expérimentations en Normandie : déjà opérationnelle au Havre, et une qui démarre à Cherbourg.
Par ailleurs, nous travaillons régulièrement avec l’URML sur les Ibode mais aussi sur la connaissance de notre secteur des étudiants en médecine dont un récent sondage de l’URML montrait qu’ils en ignoraient tout.
Comment avez-vous traversé la pandémie ?
Le terme « épreuve » est approprié. En cellule de crise permanente, le plus difficile était la cacophonie des directives. Très vite, face à la difficulté de gérer des réunions avec toutes les directions, l’ARS a centralisé son organisation avec les représentants des fédérations uniquement. Nous avons alors été projetés au cœur du dispositif. Puis, l’ARS a mis en place une organisation départementale avec des représentants des établissements. Cette organisation décentralisée a rendu la gestion des deux dernières vagues plus facile, surtout aidée par un plan de crise qui définissait le rôle de chacun. Nous sommes aujourd’hui mieux armés.
Enfin, je retiens que le traitement public/privé me semble devenir plus équitable. La reconnaissance de notre rôle de santé publique et notre capacité à réagir est réelle, même si rien n’est acquis définitivement…