Chute de la natalité : l’impact de la Covid

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La crise sanitaire liée à la pandémie de COVID ayant débuté en mars 2020 en France, il fallait attendre les chiffres de natalité du mois de décembre pour se faire une idée de son influence sur le nombre des naissances. Le constat est sans appel : en décembre 2020, 7 % des nouveau-nés manquaient à l’appel par rapport à décembre 2019. La baisse s’est encore accentuée en janvier 2021, avec -13 % de naissances par rapport à janvier 2020.

Une natalité déjà en retrait

La chute de la natalité observée en janvier est sans commune mesure avec les baisses comptabilisées dans le passé. Il faut remonter à la fin du baby-boom, dans le milieu des années 70, pour observer une telle diminution.

La pandémie vient ainsi fragiliser une natalité déjà préoccupante en France, en retrait régulier depuis six ans. La situation est similaire dans la plupart des pays d’Europe, mais c’est bien la France qui observe la chute la plus notable : – 3,4% entre 2010 et 2015, contre -2,5 % en moyenne sur l’ensemble de l’Europe. En 2020, l’indicateur conjoncturel de fécondité en France s’est établi à 1,84 enfant par femme (contre 1,86 en 2019), alors qu’il était d’environ 2,0 enfants par femme entre 2006 et 2014. Autre chiffre inquiétant : la baisse de la fécondité chez les femmes jeunes n’est plus compensée, comme c’était le cas avant 2014, par une hausse de la fécondité chez les plus de 35 ans.

Une évaluation mois par mois

L’impact de la COVID sur la natalité se mesure désormais mois par mois, et même jour par jour, afin de « lisser » l’impact des mois de 30 ou 31 jours. Bonne nouvelle, en février, les naissances sont reparties à la hausse, tout en restant nettement en recul par rapport à l’année précédente : la natalité a ainsi baissé de « seulement » 5 % entre février 2020 et février 2021. La forte chute observée en début d’année s’est donc atténuée.

Un rapide calcul permet de constater que cette reprise des naissances intervient neuf mois après la fin du premier confinement, avec une conception en mai 2020. Cette remontée correspond sans doute à une reprise progressive des projets de parentalité lors de l’allègement des restrictions et du retour à une vie plus normale.

Situation ponctuelle ou durable ?

Mais cette situation a-t-elle vocation à durer ? Il est en effet à craindre que la crise sanitaire et économique incite durablement les couples à reporter, voire à abandonner leur projet de conception.

La période de mai 2020 à août 2020 a été marquée par davantage d’optimisme pour les français du point de vue sanitaire mais les conditions économiques étaient toujours difficiles. La fin de l’année 2020 a été plus compliquée, malgré l’espoir apporté par l’arrivée des vaccins, et l’amélioration espérée tarde à se faire sentir en 2021.

Un projet de parentalité fait intervenir un grand nombre de facteurs et la pandémie a ainsi influer à plusieurs niveaux.

En 2020, de nombreux mariages ont dû être reportés de plusieurs mois, voire d’une année, retardant, pour certains, le projet d’enfant.

Le climat anxiogène créé par les différentes vagues épidémiques, ainsi que l’insécurité financière, bien que limitée par les mesures économiques prises, amènent de nombreux jeunes couples à renoncer à avoir un enfant dans un futur proche, dans la crainte de perdre leur emploi et de ne pouvoir l’élever correctement.

Ces inquiétudes se surajoutent à une baisse de la politique familiale datant de plusieurs années.

L’impact positif du télétravail

Il existe néanmoins des raisons d’espérer que cette situation ne soit pas forcément une fatalité. Il semble probable aujourd’hui que le télétravail prenne, dans les années à venir, une place importante dans le mode de vie des jeunes actifs. Ce changement pourrait leur apporter le temps dont ils craignent de manquer pour s’occuper de leurs enfants : moins de temps de transport, plus de facilités dans leur organisation quotidienne…

Ce serait aussi pour les familles la possibilité de se loger dans villes ou villages plus éloignés des grands centres urbains, avec un gain en termes de qualité de vie (logements plus grands, dans des endroits plus aérés…), mais aussi et surtout de budget. Or on sait que l’aspect financier est l’un des principaux écueils à l’arrivée d’un nouvel enfant.

Il n’est ainsi pas interdit d’espérer que la natalité finisse par repartir à la hausse, une fois la crise sanitaire derrière nous.

Sources