Si les établissements de santé se plient depuis longtemps à l’évaluation de leur activité et de leur organisation, le système de santé lui-même est encore peu enclin à l’exercice et peut-être même au principe. L’évaluation du 3ème Plan Cancer montre pourtant que c’est possible.
Auditées à deux reprises par le comité IGAS-IGESR chargé d’évaluer les 5 années de ce plan, la FHP-MCO et l’AFC-UNHPC se sont livrées à un exercice de transparence sur l’activité de notre secteur en cancérologie. Une occasion de rappeler des faits : l’hospitalisation privée réalise 39 % de la chirurgie carcinologique soumise à seuil, près de 54 % de la chirurgie des cancers urologiques et 27 % des séances de chimiothérapie.
En termes d’innovation, les cliniques et hôpitaux privés participent à la recherche clinique, aux innovations organisationnelles et au développement de nouveaux traitements comme l’immunothérapie. Nous avons également souligné l’inédaquation du dispositif RIHN aux enjeux actuels, en pointant les restes à charge colossaux des établissements de santé, notamment de ceux détenant une consultation d’oncogénétique.
Ce rapport d’évaluation du Plan Cancer comprend 67 recommandations réparties en 11 thématiques. Il souligne sans ambages l’absence de vision stratégique d’un pilotage interministériel, la position de juge et partie de l’INCa ou encore le manque d’interactivité entre les échelons national et régional. Notre fédération attend des suites de ce rapport, notamment de la recommandation 62 qui vise à mieux intégrer les acteurs de terrain, y compris dans l’élaboration de la vision stratégique nationale et régionale.
Le rapport pointe également des résultats des dépistages très éloignés des objectifs et donne une résonance particulière à la campagne Octobre rose que notre secteur soutient avec force, même en cette année si particulière. Soulignons l’effort de transparence, avec l’annonce du nombre d’interventions de chirurgie carcinologique reportées au 1er semestre 2020 en raison de la crise sanitaire : il est estimé à 30.000 reports, sans compter les retards de diagnostic.
La culture de la co-évaluation est un signe de maturité. Et le seul risque de l’intégrer est d’être meilleur demain.
Ségolène Benhamou
Présidente de la FHP-MCO