Les impacts de l’épidémie du Covid-19 nous amènent à raisonner en milliards d’euros, quand nous réfléchissions « modestement » en millions. Une échelle de valeur à laquelle il faut désormais s’habituer. À l’inverse de la crise que nous avons subie, nous sommes les acteurs attendus du développement de la e-santé qui promet, selon l’Institut Montaigne, la création de 16 à 22 milliards d’euros de valeur dans le champ de la santé.
La digitalisation, associée à un recueil systématique des données de santé, est essentielle pour répondre aux nombreux défis auxquels le système fait face : la montée des maladies chroniques, les évolutions démographiques, les enjeux économiques, les nouveaux défis sanitaires et sociaux. Ce rapport, sorti en juin et qui s’appuie sur un chiffrage inédit de Mc Kinsey & Company, propose des marges de manœuvre colossales pour notre système de santé.
Elles sont réparties dans cinq catégories d’innovation : l’autonomisation des patients, la dématérialisation et l’échange des données, la télémédecine, l’automatisation, la transparence et l’aide à la décision. Les principaux leviers de création de valeur identifiés sont la prévention des complications et des besoins d’hospitalisation, la réduction des actes non nécessaires, le gain de temps des professionnels de santé ou encore la gestion plus efficiente des parcours de soins.
Parmi les solutions digitales analysées, le développement d’outils de partage des données est celle qui permettrait la plus grande création de valeur, de 2,5 à 3,1 milliards d’euros. Le déploiement des outils à distance assurant la surveillance des patients et la téléconsultation engendrerait la création de 1,7 à 4 milliards d’euros de valeur. Parallèlement, et c’est un nouveau paradigme culturel, l’autogestion du patient dans sa pathologie chronique notamment, générerait la création de 1,3 et 1,6 milliard d’euros de valeur. Deux propositions concernent directement notre capacité organisationnelle : l’amélioration de la gestion des flux des patients (0,8 à 1,1 milliard d’euros de valeur) et la mise en place de tableaux de bord pour visualiser la performance (1 à 1,2 milliard).
Les mêmes milliards décrivent les déficits sociaux et économiques ou ouvrent des perspectives, selon les décisions collectives qui seront prises. Même si les chiffres comportent une marge d’erreur, cette analyse prospective est à étudier avec sérieux. Ce d’autant que les solutions digitales proposées semblent à portée de main. Le développement de la e-santé doit indiscutablement être une priorité pour notre secteur. Une volonté politique et une forte coordination des parties prenantes sont à présent indispensables pour y arriver.
Ségolène Benhamou
Présidente de la FHP-MCO
Rapport de l’Institut Montaigne « E-sante, augmentons la dose – Chiffrage juin 2020 »