Après les masques, les surblouses, les respirateurs, c’est au tour de certaines molécules de manquer. Pour faire face aux tensions d’approvisionnement très fortes existant sur les sédatifs et les curares, un nouveau mécanisme a été mis en place depuis le 25 avril : l’achat de cinq médicaments prioritaires est désormais exclusivement effectué par l’Etat. Les stocks sont ensuite répartis par l’ANSM entre les établissements de santé en fonction de plusieurs critères : état des stocks via « mapui.fr », nombre de patients Covid via SI-VIC, activité de réanimation non-Covid via le ROR, propositions de répartition des ARS.
Mais si dans certaines régions les trois quarts de l’activité chirurgicale ne peuvent se faire faute de médicaments pour l’anesthésie, dans d’autres les établissements sont approvisionnés quasi normalement et renouent progressivement avec leur activité habituelle. La disponibilité des molécules prioritaires et leurs critères de distribution sont manifestement disparates selon les régions, sans que l’on en comprenne les raisons. Existe-t-il des stocks ? La pénurie est-elle réelle à l’heure où certains de nos voisins européens semblent ne rencontrer aucune difficulté d’approvisionnement ? La volonté d’une reprise équilibrée entre établissements en est-elle la raison ?
La transparence, parfois réelle en région, parfois totalement absente, doit être faite rapidement au niveau national pour répondre aux interrogations des acteurs de terrain. Il faut éclaircir au plus vite cette situation, car elle crée de l’anxiété, des tensions, voire de la suspicion, non seulement entre établissements et tutelles, mais également entre établissements et praticiens. Les patients reprenant progressivement le chemin des soins, il est de notre devoir de les prendre en charge et de la responsabilité des médecins de les soigner. Et après trois mois de gestion de crise, les binômes direction/équipe médicale ont besoin de visibilité pour organiser la reprise d’activité.
Au regard de ces retours d’expérience, un plan de continuité d’activité sanitaire plus robuste doit être bâti au niveau national. Notre autonomie en termes de médicaments, de matériels et d’équipements de protection est indispensable pour faire face aux prochains aléas graves. Et la transparence est la clef de la nécessaire confiance entre professionnels et tutelles.