Qu’ils soient d’ordre psychologiques ou physiques, les traumatismes graves sont nombreux et constituent un facteur majeur d’hospitalisations en France. Selon l’ANSM, plusieurs millions de français seraient admis en hôpital et près de 40 000 décès seraient liés à un choc hémorragique et/ou à un traumatisme intentionnel grave. Dans ces situations d’extrême urgence, les premières 24h peuvent s’avérer décisives pour la survie des patients. Et si l’IA venait répondre à cette problématique en apportant des réponses adaptées ?
Des difficultés de prises en charge pointées du doigt
Jean-Pierre Nadal, directeur de recherche au CNRS, souligne la difficulté majeure à laquelle ses urgentistes sont confrontés lors de la prise en charge d’un traumatisme grave : « Aucune méthode connue n’est bien adaptée, car les données-patients peuvent être hétérogènes, lacunaires voire manquantes, ce qui rend tout geste médical incertain. »
Ainsi, inventer la traumatologie de demain passe par concevoir des outils d’aide à la décision.
C’est l’ambition de Traumatrix, projet réalisé en partenariat entre professionnels de santé, chercheurs, universitaires et experts du secteur de la tech.
Réinventer la traumatologie avec Traumatrix ?
Avec la data et l’IA, l’outil développe des modèles prédictifs pour élaborer, in fine, une plateforme complète de services. Pour modéliser ces schémas, le projet s’appuie sur les ressources de Traumabase, enrichi par un réseau de médecins urgentistes et anesthésistes-réanimateurs. Cette base de données recense également les données d’hospitalisation et de rémission de 20 000 prises en charge pour traumatisme grave. L’objectif est d’accompagner les acteurs médicaux dans la prise en charge des patients tout au long du process de décision de premières 24 heures.
Pour mieux prédire la survenue d’événements graves
L’outil permettra à terme d’appréhender la probabilité de chocs hémorragiques, traumatismes crâniens et d’ajuster la stratégie de soins en fonction. Pour ce faire, Traumatrix sera en mesure de coordonner en amont les ressources hospitalières, humaines et matérielles apportant une réponse aux besoins réels du patient.
Julie Josse, professeur au Centre de mathématiques appliquées et contributrice du projet, insiste sur la puissance du catalyseur de compétences et de données que représentera Traumatrix :
« Le projet est au cœur des priorités scientifiques d’innovation en intelligence artificielle pour répondre aux enjeux majeurs de santé publique. Les défis pour prendre en compte la spécificité du patient et des systèmes de traumatologie sont importants et donnent lieu à de nombreux développement en recherche autour des thématiques de causalité, d’interprétabilité des modèles et de partage des données. Ce projet suscite beaucoup d’enthousiasme auprès des jeunes étudiants et est une excellente opportunité de transfert de la recherche vers l’enseignement »