Dans un communiqué de presse publié le 30 octobre 2019, la Haute Autorité de Santé soumettait à consultation publique un projet de recommandation en faveur d’une vaccination contre les papillomavirus humains (HPV), élargie à tous les garçons de 11 à 14 ans pour l’été 2020. Elle est aujourd’hui recommandée aux jeunes femmes et hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) pour prévenir plusieurs types de cancers. Mais les HPV, responsables de 1000 décès par an en France, ne touchent pas uniquement les femmes ou les HSH. Ainsi, 25 % des cancers provoqués par les HPV surviennent chez les hommes. Retour sur cette recommandation publique d’extension vaccinale, confirmée par la HAS le 16 décembre 2019.
Plus de 6 000 nouveaux cancers dus aux HPV chaque année
Les infections sexuellement transmissibles (IST) liées au papillomavirus peuvent provoquer des années plus tard chez les femmes et hommes des cancers comme le col de l’utérus, du vagin, du pénis, de l’anus ou de la gorge.
Chaque année en France, environ 1 750 nouveaux cas de cancers causés par le HPV surviennent en France chez les hommes et 4 580 chez les femmes. Le cancer du col de l’utérus à lui seul tue encore 1 100 femmes et près de 3 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France.
Certains pays comme les États-Unis préconisent de vacciner les préadolescents à l’âge de 11 ou 12 ans avant qu’ils ne soient potentiellement exposés au HPV.
Extension de la couverture vaccinale : les arguments de la HAS
Dix ans après les premières recommandations et objectifs fixés par le Plan Cancer, la couverture vaccinale reste toujours insuffisante. En effet, seulement 24 % des femmes et 15% des HSH sont vaccinés contre les papillomavirus humains, contre un objectif national de 60 %.
Pour tenter de parvenir à ce résultat peu à peu la HAS estime que l’élargissement de la vaccination aux jeunes garçons permettrait de limiter la transmission à la population globale.
Cette proposition d’extension revêt également un caractère éthique : celui de l’égalité d’accès à la vaccination. En effet, tout comme les femmes et les HSH, les hommes hétérosexuels peuvent tout aussi bien infecter et transmettre le virus.
Enfin, la Haute Autorité de Santé souligne le fait que l’absence de distinction selon le sexe et l’orientation sexuelle est un moyen de simplifier l’extension vaccinale au corps médical, surtout à une période où l’orientation n’est pas connue ou affirmée.
Une politique vaccinale encore inégale
L’application efficace de ces préconisations, pour atteindre les objectifs fixés par le Plan Cancer, dépend de la qualité de la couverture vaccinale en France. La HAS recommande ainsi de mettre en œuvre des actions visant à rétablir la confiance vis-à-vis de la vaccination contre le HPV auprès des différents publics.
Afin de pallier ce phénomène, les experts proposent de faciliter l’accès à la vaccination en luttant contre les inégalités socio-économiques. En effet, une prise en charge intégrale du vaccin par l’Assurance Maladie ainsi qu’une sensibilisation plus présente dans les milieux scolaires seraient des réponses crédibles pour limiter la problématique de l’hésitation vaccinale.
À l’approche de l’extension vaccinale aux garçons hétérosexuels, la commission technique de la vaccination va initier des travaux pour redéfinir les conditions en cas de rattrapage vaccinal, pour les filles comme pour les garçons.
Sources
https://sante.lefigaro.fr/article/papillomavirus-7-raisons-de-vacciner-aussi-les-garcons/