Au centre de consultations non programmées de la Clinique Charcot, vous avez accueilli le premier patient atteint du coronavirus à Lyon, comment cela s’est-il passé dans les faits ?
Ce patient s’est rendu à notre centre de consultations non programmées, qui se trouvait être le plus proche de chez lui. Il présentait des symptômes respiratoires mais ne correspondait en rien aux critères du ministère de la Santé. Le médecin coordonnateur qui l’a pris en charge a demandé une radio, qui a été faite sur place, et a de plus sollicité les conseils d’un pneumologue qui a prescrit des antibiotiques. Le patient est rentré chez lui et ce n’est que trois jours plus tard que son état s’est aggravé rapidement. Il a été amené dans un service d’urgence puis a été transféré en service de réanimation de la Croix Rousse à Lyon où il a été testé positif au coronavirus.
Comment avez-vous été informés ?
C’est notre médecin hygiéniste en lien avec l’ARS qui m’a appelée jeudi dernier à 16h et nous a informés qu’un patient ne rentrant pas dans la définition des cas suspects était passé dans notre structure et s’était avéré un cas de Coronavirus. Nous avons confirmé de part et d’autre que nous parlions du même patient. À partir de là, avec nos équipes, nous sommes entrés immédiatement en gestion de crise. L’activité du centre de consultations et celle de l’imagerie ont été stoppées sur le champ. Notre cellule de crise s’est réunie : 4 personnes dans mon bureau, les autres par téléphone, pour identifier les personnes potentiellement en contact avec ce patient – personnels et patients. À 20h, l’ARS avait une liste précise et complète des personnes à contacter et toutes les mesures prises en interne. L’agence a validé ces étapes. La cohésion d’équipe a été exemplaire.
Qu’avez-vous mis en place ?
Toutes les mesures d’hygiène prescrites la semaine dernière par le ministère ont été suivies à la lettre. Ainsi, une manipulatrice radio, une aide-soignante et le médecin coordonnateur ont été placés en quarantaine en prévention. Les espaces fréquentés par le patient ont été immédiatement nettoyés selon une procédure précise que la responsable des ASH avait déjà anticipée. Nous avons organisé la continuité des soins en tenant compte de ces mises en quarantaine immédiate. Le vendredi matin, nous avons rencontré tous les employés de la clinique, service par service, pour expliquer la situation et toutes les mesures prises. Information faite au corps médical également. Et en milieu de journée, à la demande de l’ARS débordée, nous avons appelé tous les patients concernés, soit une soixantaine de personnes qui étaient présentes dans les locaux, pour les informer de la conduite à tenir. Cette séquence de crise est derrière nous, nous attendons désormais les commandes de nouveaux masques car nous disposons d’un stock pour environ 10 jours. Nous nous adaptons comme chacun à l’évolution des conduites à tenir, qui se sont depuis simplifiées, avec la suppression de la mise en quarantaine notamment !