Dans les sociétés actuelles, la rémission à un cancer est de plus en plus fréquente en raison des progrès médicaux. Néanmoins, parmi les facteurs entraînant une maladie cardio-vasculaire, le cancer est rarement mentionné. Pourtant une étude américaine publiée dans le European Heart Journal a montré que 11 % de personnes soignées pour un cancer décèdent d’une maladie cardio-vasculaire (maladie cardiaque, hypertension, maladie cérébrovasculaire, athérosclérose, anévrisme, etc.). Retour sur les principaux apprentissages de la publication puis sur les mécanismes qui expliquent ce phénomène.
Méthodologie et résultats de l’étude
Les auteurs de la publication ont évalué une base de plus de trois millions de personnes atteints de cancer entre 1973 et 2012. Les analyses ont été ajustées selon l’âge, l’ethnie et le sexe. Parmi cet échantillon d’étude, 1 228 328 patients sont décédés d’un cancer (38,0%) et 365 689 patients (11,3%) d’une maladie cardiovasculaire. Parmi cette dernière cause de mortalité, 76,3% étaient dus à une maladie cardiaque.
Le risque de mortalité par maladie cardiovasculaire était le plus élevé chez les survivants diagnostiqués à moins de 35 ans. De plus, ce même risque est le plus élevé au cours de la première année suivant le diagnostic de cancer, rapporte l’étude.
Il est également à noter que le risque cardio-vasculaire varie en fonction du type du cancer : ceux du larynx, de la vessie sont associés à un risque plus important. À l’inverse, celui du poumon présente moins de 10 % d’occurrences cardio-vasculaires, ce qui pourrait conduire à expliquer à un nombre de décès par cancers pulmonaires extrêmement élevé.
Cancers et développement des MCV : les facteurs de risque
Le lien étant établi par la recherche, il convient d’en identifier les causes prédisposant aux MCV en cas de cancer, que le sujet soit en rémission ou suivi dans son parcours de soin.
Des troubles cardiaques peuvent apparaître après certains types de traitements contre le cancer. Ils peuvent survenir aussi bien au cours de la première année de suivi que de nombreuses années après. En effet, on associe généralement ces troubles cardiaques au dosage d’agents chimiothérapeutiques comme par exemple les anthracylines, la cisplastine, carboplatine, paclitaxel ou cyclophosphosphamide.
Une autre étude publiée cette fois-ci dans The BMJ a également identifié que des lésions cardiaques apparaissent chez les patients n’ayant jamais été traités par chimiothérapie. La recherche a mesuré que le taux de certaines protéines responsables de troubles cardiaques étaient concentrées de manière importante chez les 555 sujets observés. Leur quantité a également augmenté au fur et à mesure du développement du cancer : « Ces marqueurs suggèrent la présence de lésion myocardique fonctionnelle et asymptomatique directement liée à la progression de la maladie » soulignent les chercheurs.
La personnalisation du suivi est alors nécessaire pour arbitrer la matrice bénéfices/risques qui pose une problématique spécifique avancée par le Pr Ariel Cohen : « Si un traitement est très efficace contre le cancer, mais qu’il est dangereux pour le cœur, à quel moment décide-t-on de l’interrompre ?» D’autant plus que l’amélioration des traitements et le vieillissement de la population pourraient remettre en perspective les objectifs majeurs en cardio-oncologie d’ici 2040.
Sources
http://sante.lefigaro.fr/article/le-cancer-un-facteur-de-risque-cardio-vasculaire-sous-estime/
https://academic.oup.com/eurheartj/article/40/48/3889/5637730