La Sofcot organise son 5e e-congrès de formation le 28 mars 2020, l’enseignement et la recherche dans la pratique quotidienne était le thème de votre dernier congrès. La formation, un enjeu majeur en orthopédie ?
Avec environ 300 000 prothèses posées chaque année, une population vieillissante et l’augmentation ces dernières années de fractures sur prothèse, la chirurgie orthopédique est une chirurgie d’avenir.
Le CNP-COT organise la formation et le développement professionnel continu des chirurgiens en orthopédie, qui doivent rester performants, à l’écoute des innovations, des diagnostics, tout au long de leur carrière. À terme, le CNP-COT sera aussi en charge de la certification des chirurgiens, prévue pour 2021, et qui stipule les conditions dans lesquelles un chirurgien sera autorisé à poursuivre son activité. Un chirurgien en orthopédie devra maintenir son niveau de compétences et continuer à se former, ce que la plupart font déjà actuellement. Pour ce que l’on en sait, elle semble aller dans le bon sens. Toutefois, cette certification peut poser problème à des chirurgiens d’un certain âge qui commencent à décrocher où à de plus jeunes qui ne souhaitent pas avoir une activité entièrement consacrée à la chirurgie. Il faudra voir quelles sont les possibilités d’organisation et d’adaptation.
Quels types de formation fonctionnent le mieux ?
Pour les jeunes chirurgiens, définitivement la simulation. Nous avons organisé des ateliers sur l’arthroscopie lors de notre dernier congrès en mettant à disposition 5 simulateurs VirtaMed. Les ateliers n’ont pas désempli et il régnait un bon esprit de stimulation et d’émulation. L’intérêt est d’évaluer à la fois le temps et la qualité du geste. Le thème de la transmission était au cœur du congrès 2019 et à ce titre de nombreux experts français en arthroscopie étaient présents sur cet espace pour des sessions de coaching et d’échanges avec les internes. Tout le monde s’y retrouve.
Par ailleurs, nos e-congrès de formation via des salles et conférences virtuelles permettent des discussions et échanges autour de dossiers cliniques préparés par des experts. Elles rencontrent un vif succès, nous en sommes à notre 5e édition cette année. Nous devons donc innover aussi dans nos modes de formation.
Comment la loi anti-cadeaux pour les internes (juillet 2019) impacte-t-elle la formation des étudiants ?
En effet, il est dorénavant interdit pour les industriels d’offrir l’hospitalité à des étudiants en formation initiale, ce qui rend problématique la prise en charge des cours avancés, inter-régionaux et nationaux, ou des congrès formateurs pour les internes de notre spécialité. Les internes ne peuvent bénéficier que de formations locales, ce qui crée des inégalités territoriales, voir des inégalités à l’échelle européenne. Il est bien évident que les règles de transparence financière et gestion des liens d’intérêts doivent être respectées, seulement, la formation des internes en chirurgie orthopédique et traumatologique comporte des spécificités liées à la pose de DMI, rendant nécessaire la collaboration avec les industriels.
Globalement, on ne peut pas partir sur une innovation tout seul avec un crayon et un bout de papier. L’innovation en orthopédie requiert des expertises multiples : des ingénieurs, des industriels, etc. Un ensemble de compétences qui s’additionnent pour pouvoir progresser sur un domaine, une innovation technologique.
La chirurgie orthopédique en chiffres
6 millions de patients par an
L’orthopédie représente 36 % des motifs de passage aux urgences
1 300 actes sont référencés
3 500 chirurgiens orthopédiques dont 5 % sont des femmes ; elles représentent 13 % parmi les moins de 40 ans.
La Sofcot évolue. Dorénavant, la Sofcot, société savante à vocation scientifique exclusive, organisera le congrès, distribuera des bourses de recherche, etc. Le CNP, Conseil national professionnel de chirurgie orthopédique et traumatologie, à vocation professionnelle, organisera le développement professionnel continu et s’occupera de la certification. Des liens étroits les unis.