Pollution, résistance antimicrobienne, agents pathogènes à risque, manque d’accès aux soins… L’OMS a publié une nouvelle liste des dix menaces liées à la santé en 2019. Tarik Jasarevic, chargé de communication sur ce sujet insiste sur le fait qu’il ne « s’agit pas d’un classement mais plutôt d’un aperçu de l’étendue des problèmes de santé qui existent dans le monde […] et qui exigeront l’attention de l’OMS et des partenaires de santé. »
Retour sur ces dix dangers qui requièrent notamment l’attention des gouvernements, pouvoirs publics et institutions mondiales.
Les conséquences de l’activité humaine
La pollution de l’air et le dérèglement climatique
L’OMS considère que la pollution de l’air est la plus grande menace pour la santé humaine et l’environnement.
Neuf personnes seraient confrontées à la pollution atmosphérique causant environ 7 millions de décès prématurés chaque année. Elle aurait également engendré 3,2 millions de nouveaux cas de diabète dans le monde en 2016.
Le dérèglement climatique dû essentiellement à la pollution est quant à lui facteur de maladies . Par exemple, les températures élevées et la moiteur du climat favorisent pathologies infectieuses, paludisme et engendrent une malnutrition croissante dans le monde. De ce fait, près de 250 000 décès pourraient être engendrés entre 2030 et 2050 d’après l’OMS.
Un manque de soins primaires dans certaines régions
En complément du point d’inquiétude précédemment cité, certains pays dans des zones reculées ne bénéficient pas de structures adéquates pour prendre en charge les soins de première nécessité des populations
Les crises et conflits mondiaux
Dans ces différents points de mise en garde, l’OMS rappelle que 22 % de la population mondiale n’aurait pas accès aux soins de base, soit 1,6 milliard de personnes.
En cause ? Sécheresse, réchauffement climatique, famine, conflits sont les principales raisons invoquées.
Les maladies non transmissibles
Elles comprennent les maladies telles que les cancers, diabètes et cardiopathies, responsables de 7 décès sur dix dans le monde. Non transmissibles mais non moins meurtrières, elles sont principalement dues à différents facteurs exogènes : tabagisme, consommation excessive d’alcool, mauvaise alimentation, pollution. La recherche sur la prévention de ces pathologies et du cancer est d’ailleurs l’objectif principal de la recherche de l’INCa, présenté dans son dernier rapport scientifique.
Maladies transmissibles, couverture vaccinale et antibiorésistance
Une pandémie de grippe redoutée
Cette pathologie était déjà présente dans la liste des menaces mondiales en 2018 identifiées. Souvent perçue comme bénigne, elle tue chaque année 650 000 personnes en exposant davantage les femmes enceintes, jeunes enfants et personnes âgées.
Pour Wenqing Zhang, directeur de lutte contre la grippe à l’OMS, le danger d’une pandémie de grippe de grande ampleur est réelle. Le virus, en constante mutation nécessite de mettre en place des programmes de prévention adaptés, notamment autour d’une amélioration de la couverture vaccinale et d’une meilleure surveillance des populations à risque.
Les risques de l’hésitation vaccinale
La vaccination permet d’éviter le décès de 2 à 3 millions de personnes chaque année. Face à une méfiance grandissante dans les vaccins, l’OMS estime pourtant qu’une meilleure couverture vaccinale pourrait sauver 1,5 million de vies supplémentaires. En plus du risque de la grippe déjà évoqué, les cas de rougeole auraient progressé de 30 % entre 2016 et 2018 dans le monde. Tout comme les autres pays développés, la France est particulièrement touchée par cette pathologie.
Une résistance accrue aux antibiotiques
L’OMS considère que la résistance microbienne toujours plus forte est l’une des problématiques phares en 2019. En effet, si les antibiotiques ont contribué à sauver des millions de vie, leur surconsommation ou leur mauvaise utilisation ont conduit à des effets moins efficaces. Les bactéries deviennent multi résistantes (BMR), entraînant une multiplication de cas d’infections et de maladies moins facilement prises en charge : pneumonie, tuberculose, salmonellose, gonorrhée … Ces BMR seraient responsables de 700 000 infections et 33 000 décès chaque année en Europe selon l’ECDC.
Les agents pathogènes et virus à haut risque
Ebola
Le développement de ces épidémies et autres fièvres hémorragiques figurent sur la liste de surveillance de l’OMS. Un pôle de recherche cherche à identifier les agents pathogènes susceptibles d’engendrer une urgence de santé publique, mais qui ne disposent pas de traitements efficaces pour le moment.
Entre 2014 et 2016, Ebola avait entraîné le décès de 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest. En 2018, une recrudescence de l’épidémie a causé le décès de 273 personnes en République Démocratique du Congo. L’OMS craint une expansion du virus dans des zones à forte densité de population.
La dengue et Zika
Plus répandu en Asie et en Afrique, Zika et la dengue s’étendent en Amérique Centrale et Amérique du Sud. Cette transmission d’agents pathogènes est en partie due au facteur climatique. En effet, l’Aedes Aegypti, agent pathogène à l’origine de ces virus, prolifère dans des zones chaudes toujours plus nombreuses et soumises à de fortes précipitations. Par exemple la dengue toucherait 390 millions de personnes chaque année.
Pour en savoir plus :
https://www.unric.org/fr/actualite/5318-les-10-menaces-pour-la-sante-mondiale-en-2019-selon-loms
Sources
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/hesitation-vaccinale-une-des-10-menaces-sur-la-sante_130973
https://www.unric.org/fr/actualite/5318-les-10-menaces-pour-la-sante-mondiale-en-2019-selon-loms