La réforme du financement des transports inter-établissements, initialement prévue pour mars 2018, est en application depuis le 1er octobre. Les établissements de santé, les sociétés de transports, les usagers découvrent, « en marchant », la complexité des nouvelles règles.
Si la maîtrise du poste des transports sanitaires, en augmentation continue dans le budget de l’Assurance maladie, est indispensable, l’incohérence organisationnelle et financière du modèle mis en place ce mois-ci est difficile à accepter. De mémoire de syndicalistes, on n’a jamais vu une réforme aussi mal pensée, mal préparée, mal évaluée.
Que celui qui ose encore parler de « choc de simplification » soit limogé sur le champ pour mensonge d’État ! Car ceux qui ont imaginé cette réforme dont les cas particuliers foisonnent, à l’image de la foire aux questions (FAQ) publiée par le Ministère, n’ont pas la moindre idée de l’usine à gaz qu’ils nous imposent. Il est fort regrettable que notre Tutelle n’ait pas pris le temps d’étudier les différents cas de figure et d’y réfléchir avec les professionnels de terrain, car elle se serait rapidement rendu compte de certaines absurdités.
Vos retours de terrain ne se sont d’ailleurs pas faits attendre ! Nous y répondons dans la mesure du possible, et les exploitons un à un pour faire remonter auprès des services du Ministère les incohérences et argumenter nos demandes d’ajustements express. Nous vous remercions de nous transmettre les situations que vous rencontrez et qui conduisent à des aberrations organisationnelles, financières, voire à des modifications dans le parcours du patient.
De surcroît, on peut s’étonner de l’absence d’information auprès des patients, de pédagogie auprès des professionnels de terrain et d’accompagnement auprès des établissements. Quand on transfère une charge de travail d’un acteur à un autre, à tout le moins on l’aide à s’en acquitter. Dans le cas présent, le Ministère a décidé d’autorité de confier une partie de l’épineux dossier du coût des transports, dont l’Assurance maladie ne parvient pas à se sortir, aux établissements de santé … qui n’ont pas de compétence en la matière et qui sont déjà submergés par toutes les tâches annexes aux soins qu’on leur confie.
Mais rien n’a été prévu pour informer les patients à qui l’on retire le libre choix du transporteur et qui expriment leur mécontentement auprès des soignants. De même, rien n’a été organisé pour former à cette réforme complexe les professionnels des établissements comme des sociétés de transport. Le mois d’octobre va sans aucun doute générer nombre de situations conflictuelles entre établissements et transporteurs. Quant aux moyens nécessaires pour revoir nos organisations et assumer cette nouvelle mission, ils ont tout simplement été oubliés !
Pourquoi tant de précipitation et pourquoi avoir rejeté la demande de report formulée par les fédérations hospitalières ? À tout le moins, une étude d’impact actualisée de cette réforme s’impose à l’approche de la 3e circulaire budgétaire planifiée habituellement en décembre. Nous appelons la Tutelle à une simplification de ce nouveau modèle dès le 1er mars 2019, pour le rendre plus compréhensible et opérationnel.