Le 25 juillet dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) remettait son rapport annuel sur la présence de pesticides dans les aliments. L’organisme a rassemblé les analyses effectuées dans 28 pays de l’Union Européenne tout comme en Norvège et en Islande sur l’année 2016. Près de 85 000 échantillons de nourriture ont ainsi été passés au crible, des fruits, légumes aux céréales, en passant par les aliments destinés aux nourrissons. Sur près de 110 000 résidus de pesticides analysés dans nos repas, 60 % peuvent être classés dans la catégorie de perturbateurs endocriniens affectant notamment le système hormonal.
Plus récemment, Générations Futures, une association de défense de l’environnement agréée par le ministère de l’écologie, a remis un rapport analysant 110 000 résidus de pesticides présents dans l’alimentation. Que révèlent donc ces 2 rapports sur la présence de pesticides dans nos repas et quels sont les éventuels risques à craindre sur la santé de la population à échelle européenne ?
Teneur des pesticides dans l’alimentation : l’EFSA se veut optimiste.
Parmi les échantillons analysés dans le cadre du rapport de l’EFSA sur la présence de pesticides dans les aliments, 96,2 % d’entre eux se situaient dans les limites légales de l’Union Européenne et 51 % ne disposeraient pas de résidus quantifiables. Le dépassement du seuil d’autorisation ne concernerait que 2,4 % des échantillons d’analyse.
Concernant la question de l’alimentation des nourrissons, le rapport a aussi relevé des constats se voulant positifs : 98,1 % des 1 676 échantillons étudiés figuraient en dessous du seuil légal.
L’EFSA a également analysé les échantillons de produits de consommation alimentaire composant un même panier : pommes, chou pommé, fraises, pêche, laitue, poireau, tomates, vin, seigle , lait de vache et graisse de porc. Après analyse, le seigle présentait le taux de dépassement des limites maximales de résidus (0,7 %), suivi par le chou pommé (1,1 %) et les fraises (1,8 %). Avec respectivement 2,7 % et 2,6 %, ce sont les pommes et les tomates qui enregistraient les taux les plus élevés.
Après avoir évalué les risques à court et long terme, l’enquête a conclu que les pesticides dans l’alimentation en Europe ne constituaient pas une menace réelle pour la santé.
Le constat de Générations Futures beaucoup plus inquiétant
Le mardi 4 septembre dernier, une autre étude s’est penchée sur la présence de pesticides dans notre alimentation. Il en ressort que les résultats avancés sont tout autres que ceux présentés par l’EFSA. En effet, sur près de 110 000 résidus de pesticides analysés dans nos repas, 60 % peuvent être classés dans la catégorie de perturbateurs endocriniens affectant notamment le système hormonal. Là où l’analyse de Génération Futures diffère de celle de l’EFSA, c’est dans le fait que le respect des limites maximales de résidus (LMR) ne suffit pas à garantir l’innocuité de ces traces de pesticides dans l’alimentation.
63 % de résidus de pesticides dans l’alimentation des Européen·ne·s sont des perturbateurs endocriniens. La prochaine stratégie nationale sur les PE doit être à la hauteur. @Veillerette #SNPE #EXPPERT10 #presse
?➡ Notre rapport complet : https://t.co/EQFTgczrip pic.twitter.com/QQX9q1zrky— Générations Futures (@genefutures) 4 septembre 2018
François Veillerette, porte-parole de l’association, insiste sur ce phénomène et regrette l’absence de mesures sur la question : «Aucune action forte sur l’alimentation n’est envisagée dans ce plan, alors que c’est manifestement une source importante d’exposition pour la population». La question des pesticides dans l’alimentation doit ainsi être davantage au cœur des politiques publiques.
Pesticides suspects et perturbateurs endocriniens : quels risques sur la santé ?
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont présents dans de nombreux objets et composants du quotidien : Plastiques, tickets de caisse, pesticides et par extension aliments. Qu’ils proviennent d’une source chimique d’origine naturelle ou artificielle, ils interfèrent dans le système endocrinien et affectent certaines fonctions comme la croissance, la reproduction ou le comportement. Ils sont également suspectés de favoriser cancers, obésité, diabète, malformations et problèmes cardio-vasculaires.
Faisant partie de la famille des fongicides, le boscalide est l’un des perturbateurs endocriniens les plus relevés dans l’alimentation en Europe.
Qu’elles agissent isolément ou en combinaison les PE que sont le fludioxonil, le pyrimethanil et le cyprodinil peuvent entraîner des modifications irréversibles dans la constitution des cellules présentes dans le corps humain.
Si le gouvernement rédige actuellement une nouvelle stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE 2), l’ONG Générations Futures estime encore l’ensemble de mesures « décevant et incomplet », notamment sur l’alimentation, vecteur majeur d’exposition aux perturbateurs endocriniens. Pour l’heure, l’association suggère de mettre en place un étiquetage indiquant les produits susceptibles d’en présenter.