Selon votre expérience, faut-il toujours être « doublement » qualifiée en tant que femme pour accéder à des postes de pouvoir ? Ce débat est-il dépassé ?
Ce n’est pas un débat dépassé et il faut reconnaître que c’est encore difficile aujourd’hui pour une femme d’accéder à de hauts postes. J’ai vu un vrai virage ces dernières années grâce à la parité imposée dans de nombreuses institutions sous le quinquennat précédent. On ne le réalise peut-être pas encore, mais c’est un changement radical ! Espérons que ce mouvement accompagne un changement des mentalités de toute part et que les recrutements ne soient bientôt plus basés que sur les compétences de chacun.
Même si aujourd’hui des postes hautement décisionnaires sont occupés par des femmes – en premier lieu celui de ministre de la Santé – et que la profession de médecin se féminise, celle de manager d’établissement de santé demeure très majoritairement masculine. Selon vous, comment avancer vers une parité ?
Au niveau des CHU, les choses ont bougé nettement ces dernières années : on dénombre aujourd’hui 12 directrices générales sur les 32 CHU de France, alors que pendant longtemps elles n’étaient que 3 ! Mais il est vrai qu’en dehors des CHU et en dehors de Paris et l’Île de France, on est encore très loin de la parité pour ces hauts postes, dans les établissements publics comme privés.
Il faudrait s’intéresser aux freins qui subsistent encore pour mettre en place des actions plus volontaristes. Car on ne peut pas dire que les candidates potentielles manquent : depuis environ 10 ans, les promotions d’élèves directeurs d’hôpital sont désormais paritaires, et parfois même féminisées.
Quelle serait pour vous la figure féminine la plus inspirante ?
Je pense spontanément à une femme que j’ai rencontrée lorsque j’étais étudiante en médecine : Simone Veil. J’étais alors à l’UNEF et nous demandions un petit revenu pour les externes… J’ai été touchée par son charisme, sa personnalité et sa pugnacité. Une femme qui s’est distinguée par son courage politique.