Quelque soit le domaine, on entend souvent parler d’ubérisation. Un système organisationnel (santé, transport) peut rapidement être réformé par de nouveaux services se libérant de contraintes légales et administratives. « L’idée qu’on se réveille soudainement en découvrant que son métier a disparu » est l’une des craintes des acteurs économiques traditionnels face à ce phénomène qu’est l’ubérisation. (1) La santé n’est pas en reste : avec tous ces nouveaux dispositifs et sites internet repensant les parcours de soin, va-t-on vers une évolution du rôle du médecin tel que nous l’entendons aujourd’hui ?
La dimension de la santé connectée sous-estimée par le corps médical ?
Le premier facteur qui interpelle est celui du potentiel connecté en France. En effet, le degré innovant et technologique n’a rien à envier aux autres grandes puissances. La santé connectée rend possible : le développement de startups de santé, de nouvelles plateformes numériques, des objets connectés ou encore des progrès en génomique, oncologie… Mais le virage numérique dans le médical est encore latent. Le médecin et le soignant prennent-ils pleine conscience de la dimension disruptive du numérique sur la santé. Il en résulte, à ce jour, que la mutation connectée n’est pas forcément / toujours entendue ni intégrée par les premiers concernés. Ainsi, serait-il possible d’imaginer à terme que la médecine pourrait se faire sans médecin ?
Médecine de dépannage ou réel danger pour le milieu médical ?
Bénéficier d’un diagnostic médical à l’aide d’un smartphone en court-circuitant éventuellement une consultation traditionnelle est désormais possible. Le patient y voit généralement une solution de facilité. Pour l’heure ces nouvelles pratiques se résument à s’informer avant de consulter un médecin traditionnel qui valide ou invalide les résultats de l’application. In fine, le risque peut être de faire plus confiance à un concepteur de logiciel qu’à un médecin avec l’essor de la santé connectée.
L’importance de refonder l’écosystème de santé en France
Les médecins doivent ainsi rester au centre du système de santé qui évolue constamment. Pour ce faire, l’action de l’Etat est fondamentale. Au moyen de politiques adaptées une refonte des systèmes de santé s’impose. Davantage intégrer les progrès technologiques au corps médical permettra de profiter pleinement d’innovations pour approfondir l’expertise sur des sujets importants : connaissance du patient, nouveau parcours de soin, nano-médecine, meilleure prise en charge de populations à risque.
L’ubérisation est en somme la possibilité de se soigner différemment grâce à la technologie ou aux services marchands qui se positionnent sur la santé connectée. Repenser la santé, c’est profiter de ces progrès sous le contrôle du médecin in finé. Il doit alors intégrer la santé connectée dans son activité sous l’impulsion étatique. Si l’ubérisation ne prend pas plus d’ampleur et que le médecin intègre parfaitement l’eSanté, il pourrait se muer en data analyst, un homme capable d’interpréter les données collectées pour mieux prendre en charge le patient… et c’est bien là un objectif partagé. Allons-nous donc assister à une modification en profondeur du rôle du médecin ? Les conditions de la cohabitation entre médecine et santé connectée restent encore à façonner.
- https://club-digital-sante.info/2017/03/la-sante-a-lere-de-lintelligence-artificielle/
- http://www.bvoltaire.fr/luberisation-de-medecine/