Mais dans quel monde vivons-nous, nous, entrepreneurs de santé du 21ème siècle ? Quel est ce système qui vise à batailler en fonction de l’exécution de notre enveloppe de financement de l’année précédente et non en fonction des réalités sanitaires et économiques ?
Jamais la notion d’économie administrée n’a eu autant de sens qu’actuellement dans notre secteur : des tarifs fixés réglementairement de manière opaque, des normes de moyens obsolètes … Mais où est la simplification tant annoncée et promise ? Pourtant le besoin est là : un code de la santé publique volumineux dépassant les 3000 pages … quand il en faisait 1500 en 1985.
Parallèlement, l’innovation est prônée chaque jour, chaque semaine, pas un mois sans qu’une prise de position politique ne fasse la promotion légitime de l’innovation médicale, technique, organisationnelle et économique … sans jamais s’inquiéter des moyens correspondants nécessaires. Quelle hypocrisie !
Notre âme d’entrepreneur est mise à mal dans un tel environnement. Notre système tourne sur lui-même et s’emballe. Et ce n’est pas fini.
Non seulement l’administration ne parvient pas à réaliser une simplification qui nous permettrait de retrouver des marges de manœuvre, mais en plus vont déferler 230 textes d’application de la loi de Santé, dont 80 % doivent être finalisés avant la fin du mois de juillet. De quoi occuper une France à réglementer et emboliser les forces vives de la nation – les nôtres et celles des administrations qui nous dirigent – jusqu’à la rentrée prochaine.
Les sages du Conseil constitutionnel ont au final validé le nouveau concept du Service public hospitalier (SPH). Mais, et la nuance est d’importance, une égalité est acquise entre les secteurs public et privé : c’est l’obligation pour les établissements de santé de ne pas pratiquer de dépassements d’honoraires s’ils veulent participer au SPH. Et une assurance est confirmée : c’est l’absence de lien entre SPH et autorisation. Un point majeur pour la profession.
Le système de santé que nous promet cette loi ne garantira ni une santé pour tous, ni un modèle économique lisible pour les 10 ans à venir. Sommes-nous condamnés à subir tous les 5 ans une nouvelle législation, malgré tout incapable de s’adapter à l’évolution rapide de nos sociétés et de nos pratiques ? La volonté du régulateur de tout planifier est-elle compatible avec la vitesse de l’essor des nouvelles technologies ?
La bataille administrative et juridique est indispensable pour la défense de notre secteur. Mais, quand en huit années d’activité nous recevons la totalité de la population française dans nos établissements, d’autres priorités s’imposent à nous. Celle d’honorer notre responsabilité d’une santé publique sans cesse améliorée, celle de conduire le train des innovations en santé, celle d’être des entrepreneurs socialement responsables.
Nos médecins plébiscitent leur statut libéral, affirmons sans faille notre liberté et notre volonté d’entreprendre.
Ségolène Benhamou
Présidente du syndicat national FHP-MCO