La start-up Eligo-Biosciences, hébergée au sein de l’incubateur de l’Institut Pasteur à Paris, a mis au point des « antibiotiques intelligents » ou éligobiotiques. Une nouvelle approche contre les résistances bactériennes, qui selon l’OMS pourraient entraîner plus de 10 millions de morts par an à l’horizon 2050…
Quel mécanisme pour les éligobiotiques ?
Les éligobiotiques sont capables de détruire des bactéries virulentes ou résistantes aux antibiotiques actuels, tout en laissant intact le reste du microbiome des patients – qui joue un rôle important sur le bon fonctionnement de l’organisme. Ce microbiome, correctement équilibré, permet de combattre certains agents pathogènes, de réguler notre système immunitaire et qui, contrairement à notre génome, peut être modifié à l’aide d’antibiotiques, de probiotiques, de notre alimentation ou encore notre style de vie.
Pour fonctionner, les éligobiotiques s’appuient sur la technologie Crispr. Sorte de ciseaux à ADN, ces protéines permettent de localiser des séquences génétiques uniques aux bactéries résistantes ou virulentes. Si ces séquences sont présentes dans les bactéries ciblées, alors les éligobiotiques agissent comme des petits ciseaux qui découpent et détruisent ces séquences, ce qui conduit à la mort extrêmement rapide des bactéries en question. Outre la thérapie humaine, cette technologie pourrait trouver de potentielles applications dans d’autres domaines comme la cosmétique, la bio-défense ou encore l’agroalimentaire.
«Actuellement, les antibiotiques que nous utilisons sont des armes de destruction massive, qui ont un effet pervers : rendre les bactéries plus résistantes et réduire les défenses immunitaires. Nous cherchons à inventer des “francs-tireurs”, des antibiotiques programmables, capables d’éliminer les “mauvaises” bactéries tout en préservant les “bonnes”», résume Xavier Duportet, co-fondateur de la start-up.
Pour accélérer son développement, la start-up française Eligo-Biosciences – fondée en 2014 par deux chercheurs français, Xavier Duportet, 27 ans et David Bikard, 30 ans – vient de finaliser une levée de fonds de deux millions d’euros auprès de business angels avec pour objectif de transformer les preuves de concept de laboratoire en produits prêts à rentrer en clinique.