Et si l’on parvenait à protéger les neurones des malades de Parkinson, pour éviter leur détérioration ? Des neuroscientifiques testent une méthode qui permettrait d’éviter la dégénérescence des neurones dopaminergiques impliqués dans la maladie de Parkinson.
La lumière infrarouge : la solution ?
Etudiée à l’institut de recherche grenoblois Clinatec, en collaboration avec l’Université de Sydney, la théorie imaginée par le Professeur Alim Louis Benabid serait d’illuminer de lumière infrarouge les cellules productrices de dopamine qui dégénèrent dans Parkinson, pour les protéger et ralentir le développement de la maladie. «On sait que la lumière infrarouge peut protéger ou améliorer la santé de certains tissus ou cellules malades», souligne le Professeur Alim Louis Benabid.
L’équipe de chercheurs a d’abord testé le pouvoir des infrarouges sur des souris ayant reçu une toxine permettant de «mimer» chez elles un Parkinson : les souris dont le cerveau avait été irradié d’infrarouges exprimaient moins de symptômes que celles ayant reçu la toxine sans la lumière, et l’autopsie montrait que la dégénérescence des cellules dopaminergiques était moindre dans leur cerveau.
Les équipes du Pr Benabid ont ensuite confirmé ces résultats sur d’autres modèles à Grenoble, en particulier le rat.
De la souris à l’homme : une fibre optique implantée.
Il y a cependant un pas entre la souris et l’homme dans l’application de l’irradiation. Chez les rongeurs, la lumière infrarouge parvient à atteindre les neurones cibles situés seulement à un ou deux centimètres du crâne, tandis que chez l’homme les cellules nerveuses sont enfouies à plus de dix centimètres de profondeur. Pour pallier cette différence, l’équipe de recherche Clinatec a développé un système de fibre optique implantée permettant de diffuser la lumière directement dans la zone lésée.
«Nous avons testé ce dispositif chez des singes», explique Alim Louis Benabid. Et comme chez les souris, les singes traités avec l’infrarouge montraient une nette diminution des symptômes puis, lors d’autopsies pratiquées 3 semaines à un mois après l’opération, une dégénérescence neuronale moindre.
«Nous sommes en train de rédiger notre protocole de recherche clinique», détaille le Pr Benabid. Lorsque toutes les autorités auront donné leur accord, les tous premiers essais de tolérance pourront démarrer chez l’homme. «La méthode est susceptible d’apporter une solution à un problème non résolu, la neuroprotection des malades de Parkinson. Mais avant de pouvoir envisager de l’appliquer à une large échelle, le processus de recherches sera encore long», conclut-il.