Dans quelles circonstances avez-vous décidé du mouvement de ce jeudi ?
Le 17 avril à 0 heure, c’est l’heure à laquelle l’arrêté de nomenclature est applicable. Nous avons donc décidé de fermer, sur l’ensemble du territoire, et sans assurer les urgences. Depuis octobre 2012, nous alertons les pouvoirs publics sur la nécessité d’un changement de paradigme. Jusqu’ici, lorsque nos tarifs baissaient, on nous répondait : mais vous avez un effet volume qui vous permet de compenser la baisse. C’était en partie vrai, mais ça ne l’est plus depuis 2012. En 2012, nous avons rendu 146 millions d’euros en dépenses remboursées sur la branche biologie. En 10 ans, nous avons rendu 1 milliard d’euros à l’Assurance maladie et la Sécurité sociale a déboursé moins d’argent en 2011 qu’en 2012. Les volumes d’examens prescrits sont en forte baisse, depuis 2012 la situation économique de nos entreprises est critique. Nous sommes à moins 2,2% de notre activité. Et la baisse s’accélère. Le rapport de l’Igas prévoit 100 millions d’euros de baisse par an jusqu’en 2017.
Un challenge difficile, dans des circonstances déjà tendues…
En effet, dans le même temps, nous sommes en passe de devenir la seule profession de santé accréditée selon une norme européenne, la norme EN 15189. C’est un cas unique en Europe (en Allemagne, par exemple, les laboratoires s’accréditent pour un secteur d’activité, nous allons devoir être accrédités sur 100% de notre activité). En 2016, 50% des actes devront être accrédités, pour parvenir à 100% en 2020. C’est extrêmement fastidieux. L’année dernière, tous nos laboratoires ont absorbé la baisse de volume d’activité. Ce n’est pas envisageable deux années de suite. Nous sommes très inquiets : nous parlons de 8000 emplois qui risquent d’être supprimés sur 45000, environ deux personnes sur chacun de nos 3700 sites.
Avez-vous l’impression d’être entendu ?
Notre statut de biologiste nous isole dans les négociations tarifaires : nous ne sommes jusqu’ici pas vraiment un interlocuteur, comme les médecins par exemple, qui passent des nuits à discuter pied à pied des tarifs. La Cnamts peut baisser unilatéralement nos tarifs. C’est une ligne du PLFSS, comme ça a été le cas l’année dernière. Nous avons un rendez-vous avec le gouvernement le 24 avril prochain. Nous allons être reçus par le cabinet de Marisol Touraine. C’est un moment historique de négociation et la chance pour nous d’exister comme interlocuteur pour le gouvernement. Nous espérons être entendus et pouvoir défendre nos personnels.