La colère succédait à la consternation au fil des deux jours qui réunissaient la profession les 6 et 7 décembre à Lyon. Au moment où à Bordeaux, les directeurs généraux des CHU recevaient Mme la ministre Marisol Touraine, à Lyon, les établissements privés regardaient son avatar sur la vidéo qu’elle nous avait envoyée.Marisol Touraine ne nous aimera jamais. Bordeaux annonçait un déficit prévisionnel de 300 millions d’euros qui sera financé par la solidarité nationale et Lyon 35% de cliniques MCO dans le rouge qui ne compteront que sur elles-mêmes. Certes une amélioration de la situation dans les deux cas mais deux écoles : « la réduction des coûts des hôpitaux ne peut se faire sans réduction des effectifs » déclarait le président de la conférence des DG de CHU, or les cliniques can do it en donnant un coup d’arrêt à leurs investissements. Cherchez l’erreur ! Mais le pire est à venir pour les bons élèves. Nos établissements semblaient éliminés du dispositif d’allègement de charges prévu par le pacte de compétitivité pour éviter toute distorsion de concurrence avec les hôpitaux non éligibles. Scandaleux ! Pierre Moscovici, ministre de l’économie déclarait récemment que ce crédit d’impôt serait accordé mais compensé par une moindre progression des tarifs de l’ordre de 3%. Diabolique ! Cela signifierait moins que zéro % d’augmentation, moins que le rien que nous attendions. Des mathématiques, nous entrons dans la philosophie… Notre ministre nous demandait de baisser d’un ton, nous allons au contraire monter d’un octave.
A en croire la FHF, les cliniques et maisons de retraite commerciales bénéficieraient de plus de 500 millions d’euros d’avantages à travers le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) et « seule une baisse des tarifs du secteur privé de l’ordre de 3% permettrait de rétablir l’équité dans le secteur sanitaire », insiste la Fédération. Elle ajoute : « En revanche, une telle mesure ne concernerait pas le secteur médico-social dont les tarifs ne sont pas fixés par le gouvernement mais par les départements. Des solutions adaptées doivent donc être trouvées au plus vite pour les hôpitaux et pour les maisons de retraite. » La FHF conclut : « Le gouvernement ayant fait du soutien au service public hospitalier et médico-social une de ses priorités, les hospitaliers ne comprendraient pas qu’une telle iniquité de traitement soit infligée aux établissements publics. » Attention, sur ce terrain, l’hospitalisation privée maître es inéquité, a une importante littérature !L’UMP saisit le Conseil constitutionnel
106 sénateurs et 121 députés UMP ont dressé une ultime barricade contre le PLFSS, définitivement adopté, en saisissant le Conseil constitutionnel sur plusieurs points. Les sénateurs UMP ont notamment adressé un blâme à la « minoration des tarifs hospitaliers pour mise en réserve de l’ONDAM ». De leur côté, les députés UMP ont saisi les sages sur « l’insincérité du budget social » et « l’inadéquation manifeste entre les prévisions de dépenses et les prévisions de recettes, en contradiction avec les engagements de maîtrise des dépenses publiques et des déficits. »
Proche du burn-out
Selon une étude de l’Association de prévention du risque opératoire, si le niveau de plaisir à exercer des praticiens du bloc reste important, celui des contraintes a beaucoup augmenté. Un quart d’entre eux sont pessimistes sur l’évolution du métier et un tiers critiquent sévèrement le système de santé. Les réponses de 1 204 praticiens en « plateaux techniques lourds » (chirurgiens, anesthésistes, obstétriciens) montrent qu’un tiers, dont le temps de travail se situe entre 60 à 80 heures par semaine, évaluent leur stress à un niveau 8 sur une échelle de 10 : contraintes administratives et relationnelles liées à leur métier, la pression financière, la productivité ou encore les risques de poursuites judiciaires en sont les causes. 81%, exercent leur métier avec passion, 77% ont envie d’aller travailler et 70% retrouvent avec plaisir leur équipe et leurs collègues. Seuls 12,5% sont insatisfaits concernant le personnel du bloc (aide opératoire, infirmière anesthésiste). En revanche, 49,5% jugent les charges financières trop élevées et 36,8% affirment un manque de considération à leur égard. Les procédures qualité et les relations avec l’équipe administrative étaient jugées insatisfaisantes près d’une fois sur trois. Les éléments d’insatisfaction en salle opératoire sont la fatigue (43,4%), le rythme entre deux patients (36,5%) et les retards dans le programme opératoire (26,5%). Les relations avec les anesthésistes apparaissent difficiles dans près de 20% des cas et la fourniture de matériel pose problème dans 19% des cas. On note un taux de suicide deux fois plus important que la moyenne nationale, des dépendances à des substances autres que le tabac, un fort taux d’alcoolisme ou encore un taux « très impressionnant » de mises en invalidité pour troubles psychiques (40% des invalidités). Enfin, 28% des praticiens veulent modifier leur exercice ou changer de métier.
Plus de maisons de santé
85% des médecins nouveaux diplômés s’installent à proximité du lieu de leurs études, Marisol Touraine veut « articuler les actions des CHU avec les autres structures de soins et en particulier les maisons de santé pluriprofessionnelles, universitaires et de soins primaires. » La ministre a insisté sur le fait que « les maisons de santé ont un rôle important dans la réorganisation de l’offre de soins. » Et d’ajouter que « certaines d’entre elles auront vocation à être universitaires. » Attention, ces maisons médicales de garde se différencient des maisons de santé pluriprofessionnelles, fruit du groupement de professionnels ou de collectivités locales.
Plébiscités, les centres de santé sont en déficit
Fragiles économiquement, parfois menacés de fermeture, les centres de santé franciliens sont sous les projecteurs et reflètent une situation nationale. Pourtant, réponse précieuse aux difficultés d’accès aux soins, ils affrontent des déficits de plusieurs centaines de milliers d’euros. La pratique des centres serait « peu adaptée » à une source de paiement à l’acte, la nomenclature utilisée pour le codage des actes serait largement « méconnue » des professionnels (et des secrétariats), la gestion serait calamiteuse concernant notamment le tiers payant avec des coûts de gestion «mal maîtrisés », et extrêmement variables (d’1 à 22 euros par consultation selon les cas !), la gestion des plannings serait aléatoire, des difficultés de recrutement de spécialistes (ophtalmologie, gynécologie pédiatrie) seraient rencontrées, enfin, les achats pourraient être optimisés et les activités seraient insuffisamment encadrées et valorisées.
Absentéisme et turnover : des indicateurs pertinents et communs
La nouvelle campagne de recueil des indicateurs d’absentéisme et de turnover des données 2011 dans les établissements publics de santé est lancée. Ce recueil généralisé et obligatoire des données passe par la plateforme ANCRE disponible sur lesite de l’ATIH, ouverte depuis la fin du mois de novembre. Les ARS ont jusqu’au 4 janvier 2013 pour valider les données des établissements. Une première synthèse sera réalisée par l’agence au cours du 1er trimestre 2013, et n’aura pas vocation à être diffusée publiquement. Les données 2012 seront intégrées au bilan social. L’objectif à terme est de « disposer d’une « évaluation efficace des politiques conduites en s’appuyant notamment sur des indicateurs de ressources humaines pertinentes, communs à tous les établissements de santé. »
La réglementation sur les pertubateurs endocriniens avance !
L’Assemblée nationale a adopté le 28 novembre dernier une proposition de loi visant à interdire la présence de DEHP (un des phtalates) dans certains dispositifs médicaux, dont les tubulures, dans les services de pédiatrie, de néonatologie et les maternités à partir du 1er juillet 2015. Il est temps de s’intéresser au dossier de la présence des perturbateurs endocriniens dans les établissements hospitaliers.La conférence de Doha, sommet international qui vient de s’achever au Qatar, a acté l’acte 2 de Kyoto qui engage l’Union européenne, l’Australie et une dizaine d’autres pays industrialisés à réduire leurs émissions de GES entre janvier 2013 et décembre 2020. Malheureusement, sa portée sera essentiellement symbolique car les pays engagés ne représentent que 15% des émissions de GES dans le monde.