Le bilan mitigé du Dossier médical personnel (DMP)

Prévu depuis 2004, le dossier médical informatisé devait permettre d’améliorer la qualité des soins, d’assurer leur continuité entre les professionnels de santé, de faciliter le partage d’informations ou encore d’éviter les actes redondants. Un an après une énième nouvelle relance du projet force est de constater que le bilan est plutôt mitigé.

 

 

Fastidieux, coûteux et inutile ?

L’enjeu du DMP est crucial pour l’organisation du système de soins : il s’agit de mettre à disposition de l’ensemble des assurés sociaux un dossier médical informatisé accessible en tout point du territoire et à tout moment. Tous les professionnels de santé autorisés par le patient pouvant ainsi s’y connecter.

Pourtant dans son dernier rapport* intitulé « Le coût du dossier médical personne (DMP) depuis sa mise en place », la Cour des comptes dresse un constat sévère du dispositif.

La mise en œuvre du DMP aurait ainsi coûté au moins 210 millions d’euros entre 2005 et 2011, pour un résultat quelque peu décevant : seuls 190 000 dossiers seulement auraient été ouverts en août 2012. Un chiffre lointain au regard de l’objectif  d’un million de dossiers ouverts en 2013 que s’était fixé  l’Asip Santé (Agence des systèmes d’information partagés de santé), chargée du développement du dispositif.

La Cour des comptes souligne également « l’absence de suivi de ces dépenses par l’assurance-maladie » et « la multiplication d’expérimentations sans lendemain jusqu’en 2008 ».

La coordination entre établissements hospitaliers est là aussi fastidieuse, dans la mesure où les différents systèmes informatiques des hôpitaux sont rarement interopérables.  Résultat, à ce jour, les patients ne peuvent ouvrir un dossier médical personnel que dans 142 hôpitaux ou chez près de 4 000 médecins traitants actuellement équipés d’un logiciel DMP-compatible.

Dernier point noir que rappelle Le Monde « le décret définissant le champ et le contenu du DMP n’est toujours pas paru ».

Pour l’ASIP, des “couts maitrisés pour un réel enjeu de santé publique »

Dans un récent communiqué, l’ASIP Santé demande aujourd’hui que le rapport intégral de la Cour des comptes soit rendu public. Cela constituerait « une photographie objective de ce qu’a coûté réellement le DMP depuis sa création et distingue bien les périodes qui ont jalonné sa conception et son déploiement ».

« Le DMP est un facteur de transformation de notre système de santé avant d’être un projet technique et nécessite du temps et de la constance. Tous les pays développés s’y sont engagés et l’informatique de santé doit constituer une opportunité d’excellence pour la France » conclut l’Asip.

* A ce jour, ce document n’a pas été rendu public.