Tournez manège

Nombre de nos interlocuteurs institutionnels s’occupent déjà de faire leurs cartons… certains même, oubliant subitement leur allégeance au service public, lorgnent vers le secteur privé pour se ménager une porte de sortie. Les périodes pré et post-électorales nous mettent au chômage technique. Toutefois, nous continuons à monter au créneau encore cette semaine, pour défendre le dossier complexe des dépassements d’honoraires des praticiens de la naissance, malmenés par la PDSE dans les maternités. Que du bonheur. Nos correspondants sont exceptionnellement à l’écoute, sachant qu’ils n’auront pas à répondre de leur largesse d’esprit sous peu. Aucun candidat à l’élection présidentielle n’a oublié la santé dans sa campagne, mais aucun n’a fait de ce sujet éminemment politique son cheval de bataille. Si vous faites partie du quart des Français encore indécis, les « mesurettes » annoncées par les candidats ne vous seront d’aucun recours, tant elles viennent combler une absence de vision. Enfin, tout en haut de la pyramide du pouvoir, le saviez-vous, depuis peu c’est un médecin qui gère les 258 milliards de dollars de la Banque mondiale. Jim Yong Kim est médecin mais également anthropologue, et de fait, spécialiste des faits spécifiques à l’homme par rapport aux animaux. Nous sommes sauvés !
Lamine GHARBI
Président du syndicat national FHP-MCO
Haro sur Prado
Jean-Luc Baron, président de la CNPCMEHP (Conférence nationale des présidents de commissions médicales d’établissements de l’hospitalisation privée) s’oppose au projet Prado. « Nous n’acceptons pas de voir arriver dans les établissements des conseillers-payeurs, pour faire de la coordination soignante (…) Il appartient aux CME, qui sont juridiquement chargées de la gestion des risques – soit de la sécurité du patient –, d’organiser avec les directions des établissements ces parcours innovants et multi-professionnels en s’appuyant sur la méthodologie de la HAS« .

Divergence
239 praticiens hospitaliers signaient le 20 mars dernier un manifeste dénonçant les « dérives » de l’activité libérale à l’hôpital et réclamaient sa suppression. François Hollande est pour : « je rejoins les préconisations avancées par l’appel des praticiens hospitaliers du secteur public« . Nicolas Sarkozy est contre : « vouloir interdire à certains praticiens d’avoir une activité privée à l’hôpital » est un « combat d’un autre âge« . Par ailleurs, la CSMF qui a interpellé les postulants à la présidentielle relève qu’ »aucun candidat ne retient la proposition confédérale de se saisir du secteur optionnel pour rapprocher, et à terme fusionner, les secteurs 1 et 2« .

Charte du contrôle de l’assurance maladie 
La CNAMTS a diffusé mardi au sein du réseau des caisses la première « charte du contrôle de l’activité des professionnels de santé par l’assurance maladie » commune aux trois principaux régimes. L’élaboration de ce document, qui décrit les différentes modalités de contrôle émanant de l’assurance maladie et énonce les droits et les devoirs des contrôleurs et des contrôlés, s’est faite sous l’impulsion du ministère de la santé. Les partenaires conventionnels avaient été invités en octobre 2010 à se mettre d’accord.

La génération « Y »
Cette génération (1978-1995) arrive dans les établissements hospitaliers. Cette première génération totalement interconnectée, représentera 50% de la main-d’œuvre en France d’ici à 2020. Déclencherait-elle une profonde révolution managériale ? s’interrogent Ahmed Dammak et Bertrand Pauget, enseignants et auteurs d’une récente étude. Les « difficultés » relationnelles constatées avec les baby-boomers reposent, à leurs yeux, davantage sur un défaut organisationnel des établissements, qui freine toute intégration des plus jeunes et empêche toute mise à profit de leur potentiel, que sur un traditionnel choc intergénérationnel.

Le renoncement aux soins a un prix
S’explique-t-il par un manque d’information ou par le coût trop élevé des prises en charge ? L’argent reste le nerf de la guerre répondent les 3 chercheurs de l’IRDES dans une récente étude qui, en outre, établit le rôle déterminant du renoncement dans la dégradation de l’état de santé. Près de 42,3 % des personnes qui ont déclaré un renoncement en 2002 et en 2004 constatent 4 ans plus tard la dégradation de leur état de santé, contre 37,8 % des personnes n’ayant rien signalé. « Ce résultat met, à notre sens, bien en évidence un lien de causalité : renoncer à des soins entraîne un risque plus important de dégradation de l’état de santé« . Les Français qui ne subissent aucun marqueur de précarité sont 4,75 % à déclarer un renoncement … contre plus de 46 % pour les très démunis.