Les résultats pour 2010 de l’Observatoire économique des cliniques privées ont été publiés la semaine dernière, dans quelle situation se trouve notre secteur ?
Rétrospectivement sur les 20 dernières années, c’est la deuxième fois que l’Observatoire note une situation critique des cliniques et la première fois dans de telles proportions. En 2010, le résultat net du secteur privé MCO est négatif à hauteur de 1,4 % du chiffre d’affaires avec 75 % des établissements se situant en dessous du seuil de résultat net minimum préconisé. Les charges d’exploitation relatives aux soins ont représenté 93,6 % du chiffre d’affaires des établissements tandis que les remboursements de l’assurance maladie ne correspondent qu’à 88,8% du chiffre d’affaires. Les soins sont donc financés par des recettes annexes dans une proportion de plus en plus importante.
Quelles évolutions avez-vous notées ces 5 dernières années ?
En 2005, 15 % des établissements avaient un EBE ** négatif, en 2010 ils sont 29 %. De même en 2005, 21 % des établissements avaient un résultat net déficitaire, ils sont aujourd’hui 43 %. Le problème est que les 57% des établissements bénéficiaires ne parviennent plus à combler le déficit des autres. Le secteur est donc globalement déficitaire. C’est une tendance constatée depuis 5 ans et celle-ci va en s’aggravant avec des marges de manœuvre de plus en plus réduites pour les établissements.
Quels sont vos pronostics pour les années à venir ?
C’est très difficile d’en faire. Les tarifs ont grand peine à évoluer et les charges, avec un vieillissement constant des salariés, vont augmenter. On s’attend à une augmentation de plus de 3% au moins en 2012. Les solutions ne sont pas nombreuses. En effet, le secteur privé ne cesse de se réorganiser et de s’adapter aux contraintes (baisse de 44% en nombre des établissements depuis 1990, regroupements, etc.). On note d’ailleurs que les établissements ayant un fort chiffre d’affaires (30 millions +) présentent en général des résultats positifs. L’hospitalisation privée est indubitablement contrainte à réaliser des gains de productivité – notamment en matière d’organisation, sans toucher à la qualité des soins et à la sécurité – à exploiter au mieux les marges de manœuvre qui existent et à faire des choix stratégiques basés sur des calculs médico-économiques. Je reste tout de même optimiste car le secteur privé a toujours été un « bon élève » (souvent mal récompensé). Cependant les marges de manœuvre sont de plus en plus faibles et il faut être conscient que les limites du possible sont presque atteintes.
Communiqué de presse FHP-MCO le 18 octobre 2011
* École nationale de la statistique et de l’administration économique
** Excédent brut d’exploitation