Il y 10 ans explosait l’usine AZF, comment l’avez-vous vécu alors dans votre clinique ?
D’après-vous est-ce que la réglementation en vigueur était suffisante pour pouvoir faire face à un tel événement ?
Clairement non. Le problème majeur auquel nous avons eu à faire face était l’absence de réseau téléphonique sur toute la ville, donc des difficultés à joindre la cellule de crise de la préfecture. Les pompiers eux-mêmes ne pouvaient pas communiquer. À partir de là, chaque établissement a fait de son mieux et avec bon sens. Ne laisser sortir aucun patient, mobiliser le personnel et accueillir tout le monde. J’ai laissé partir mes premiers salariés à minuit. Quant aux mesures de prévention, c’est toujours compliqué de savoir d’où peut venir le danger. Chez nous, les risques d’inondation sont certainement plus élevés que les risques d’explosion d’une usine chimique. La réglementation n’avait pas prévu cela mais nous avons fait du chemin depuis.
Quelles mesures sont désormais en place ?
Le ministère de la Défense a organisé un debriefing avec les acteurs de soins après la catastrophe. Il a été constaté un manque de coordination dans l’adressage des patients aux différents services d’urgences avec un engorgement de celles du CHU alors qu’une clinique plus proche du site avait encore des capacités d’accueil. Les cliniques qui font 80 % de la chirurgie sur Toulouse auraient aussi pu être plus sollicitées. Ce sont nos équipes qui sont allées prêter main forte à celles du CHU. Des mesures spécifiques ont été prises depuis. Nous avons désormais un plan blanc amélioré et synthétisé, qui d’ailleurs ne me quitte plus. Chacun sait ce qu’il doit faire en cas d’accident, les listes ressources sont à jour, nous avons amélioré les systèmes de communication – ce qui était demandé lors du débriefing mais à nos propres frais. Un plan d’adressage des patients a été défini par l’ensemble des établissements de soins et la dernière pandémie grippale a bien montré qu’il fonctionne. Nous organisons régulièrement des simulations et nous avons même reçu avec la Clinique Ambroise Paré une vraie alerte à la bombe déclenchée par la préfecture. Ce que je retiens du 21 septembre 2001, c’est la très grande solidarité de chaque acteur du soin devant une catastrophe dont le souvenir restera à jamais dans nos mémoires.