Dr Catherine GUICHARD, adjointe au chef de l’Unité Alertes et Réponses au Département des Urgences Sanitaires et Hélène CAPLAT, Conseillère technique de l’Unité Alertes et Réponses à la DGS.
Historiquement, quels événements ont conduit à la naissance du plan canicule?
Tout le monde se souvient de la canicule de 2003, révélatrice d’une crise exceptionnelle et sans précédent due à la durée et aux températures élevées, en particulier la nuit. En effet, le niveau élevé des températures nocturnes a accentué la fatigue des organismes et a joué un rôle important dans les conséquences sanitaires de cette période. Cette vague de fortes chaleurs a eu des retentissements extrêmes en termes de morbidité et de mortalité avec 15000 décès au total. Les autorités sanitaires ont alors mené une réflexion de fond afin d’identifier les lacunes du système de surveillance et de gestion et de faire évoluer les dispositifs existants. Le premier plan canicule a vu le jour en 2004 et il est revu et adapté si nécessaire annuellement. La vague de chaleur de 2006 a démontré l’utilité et l’efficacité d’un tel plan avec un excès de mortalité observé trois fois moins important que celui attendu (2000 décès au lieu des 6500 attendus d’après les modélisations).
En quoi consiste ce plan?
Le plan canicule qui comprend trois niveaux est basé sur la prévention en amont et la gestion en aval des effets sanitaires d’une vague de fortes chaleurs. Il repose sur un réseau solidaire et professionnalisé qui mobilise des acteurs de terrain, les établissements de santé, les services d’urgences, les établissements pour hébergement des personnes âgées (EHPA), les collectivités locales avec par exemple la mise en place de registres communaux visant a identifier et aider si nécessaire les personnes à risques isolées, etc… ainsi que le niveau national (ministère chargé de la santé, ministère chargé de l’intérieur, ministère chargé de la cohésion sociale, InVS, Météo-France….). C’est un système efficace mais surtout évolutif qui a su prendre en compte les mutations organisationnelles de notre pays induites par la mise en place des agences régionales de santé (ARS) et par la réforme de l’administration territoriale de l’Etat (RéATE), ainsi que les avancées de terrain en termes de collecte d’informations.
Quelles contributions doivent ou peuvent apporter les établissements de santé en cas d’alerte canicule?
Les établissements de santé publics et privés, ceux accueillant des urgences, les EHPA sont bien évidemment inclus dans le dispositif d’alerte et tenus de prendre des mesures organisationnelles pour assurer notamment la permanence des soins en période caniculaire. Le plan canicule s’appuie sur un réseau de surveillance et d’alerte organisé depuis 2004 par l’institut de veille sanitaire (InVS) en lien avec la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) (système de surveillance Sursaud®) qui permet de dresser un portrait de la situation sanitaire très rapidement. En 2011 les indicateurs sanitaires de suivi sont les passages dans les services d’urgences (personnes de plus de 75 ans, pathologies liées à la chaleur), les interventions de SOS médecins, le nombre de décès remonté par les services d’Etat-civil des communes informatisées à l’Insee. Des remontées d’informations hebdomadaires aux ARS puis synthétisées par la DGS permettant de suivre l’état de l’offre de soin et les phénomènes de tension sont également opérationnelles depuis 2009. Les directeurs d’établissements sont informés et savent quelles mesures prendre en cas d’alerte et peuvent décider du déclenchement du plan blanc de l’établissement. On remarque sur le terrain que tous les acteurs travaillent en bonne coopération dans un souci d’efficacité. En l’absence d’épisode majeur de canicule depuis 2006 (hormis les brefs épisodes de juillet dernier et d’août 2009), nous ne pouvons qu’encourager les directeurs d’établissements à rester mobilisés et régulièrement sensibiliser les personnels sur les mesures et gestes à adopter en cas d’alerte pour assurer efficacement la prévention et la gestion sanitaire de la période estivale.
Pour en savoir plus :
http://www.sante.gouv.fr/canicule-et-chaleurs-extremes.html