Gérard ANGOTTI est Directeur de la Clinique Esquirol – Saint Hilaire à Agen. Cet établissement, le 1er de santé privé d’Aquitaine, est réputé pour son service de cardiologie-vasculaire, d’urgence et sa maternité. Gérard ANGOTTI est aussi membre du CA FPH-MCO.
Vous intervenez à la journée d’information FHP le 28 juin sur le Système d’information hospitalier (SIH), quels sont pour vous les principaux enjeux?
Aujourd’hui l’Assurance Maladie, les ARS et l’ATIH sont en capacité d’analyser les résultats des établissements hospitaliers au travers du PMSI et des informations transmises par les praticiens. Ils savent exactement ce que nous faisons, la manière dont nous travaillons, notre niveau de qualité et nos résultats. Ils comparent nos activités et nos chiffres d’affaires et modulent les tarifs qu’ils nous imposent en fonction de ce qu’ils pensent être le tarif moyen! Les cliniques par contre ne disposent pas des mêmes niveaux d’information et d’analyse. Il nous est très difficile, voire impossible, de contrer leurs constats. Pourtant, grâce aux nouvelles codifications, nous pourrions prouver que nous traitons les mêmes malades lourds que l’hôpital public, à des coûts nettement inférieurs, honoraires et dépassements d’honoraires compris. Pour répondre à ces questions, il nous faut donc améliorer nos Systèmes d’information, et ce, d’autant plus qu’il nous faut ‘tracer’ toutes nos activités et en justifier, sans conteste possible, la réalisation.
Le but premier d’un Système d’information intégrant un système complet de production des données, est de permettre d’améliorer la qualité des soins due à nos patients. Les traitements seront d’autant plus sécurisés qu’ils seront l’objet de contrôles accrus des prescriptions, de la compatibilité des médicaments prescrits et de la cohérence des differents traitements et soins. Le deuxième objectif est de permettre aux différents acteurs de l’établissement, médecins et personnels soignants, de mieux communiquer, de connaître en temps réel l’évolution de l’état d’un malade, de mieux assurer les transmissions sans double saisie…..et ainsi d’exercer dans une plus grande sécurité. L’informatisation du dossier du patient évite les pertes de temps, nombreuses dans une grande organisation, et accroît ainsi notre réactivité. Enfin, un bon système d’information doit être capable de centraliser toutes les informations concernant un malade pour ensuite pouvoir les transférer dans le cadre des nouvelles règles du DMP.
Quels sont les principaux écueils que rencontrent les établissements dans la mise en place d’un Système d’information ?
Ils sont essentiellement d’ordre financier, technique et humains. Au niveau financier, la mise en place d’un tel système est honéreuse et quelques subventions parcimonieuses ne couvriront jamais les frais engagés, même si l’on est en droit d’escompter un retour sur investissement sur le moyen terme. Les difficultés techniques proviennent de la complexité du fonctionnement d’une clinique : il faut en effet faire communiquer entre eux les SIH déjà existants, le progiciel de gestion de la clinique et les divers logiciels des cabinets de médecins qui y exercent. L’ensemble doit ensuite être intégré, en temps réel, au système d’information gérant le dossier du patient. Actuellement nous achevons la mise en œuvre du dossier patient partagé qui est capable de dialoguer avec tous les logiciels des praticiens à condition que leurs éditeurs acceptent de réaliser les interfaces nécessaires. Ce passage à une gestion totalement informatisée requiert l’adhésion de l’ensemble des acteurs. Pour cela, il est nécessaire que les logiciels soit intuitifs et ludiques, que le temps de formation soit très court et que l’informatique devienne mobile pour suivre le médecin ou l’infirmière. Les technologies modernes le permettent aujourd’hui. Mais pour que tout cela fonctionne, il faut que l’ensemble des acteurs accepte de se soumettre à la rigueur de l’informatique! La récompense est au bout du chemin : en maîtrisant mieux le parcours de soins et la coordination des acteurs, nous soignerons mieux nos patients.