Trois questions à Jean-Pierre Pérrigaud

jean-pierre pérrigaud, Directeur de la Polyclinique Majorelle à Nancy (54), groupe Médi-Partenaires


Récemment quelle est votre plus belle réussite?
J’ai un souvenir très fort, presque affectif de mon premier poste de directeur sur un établissement de petite taille. J’y ai vécu l’ouverture d’un hôpital public flambant neuf sur notre territoire, les problématiques de développement de projet d’établissement dans un contexte contraint et avec des ressources limitées, les difficultés de recrutement… Nous avons dû « repenser » l’établissement en le restructurant et dédiant une partie importante à la prise en charge en ambulatoire. Fédérer l’équipe médicale et associer le personnel à ce projet reste un excellent souvenir pour moi. Le monde de la santé est un milieu passionnant et passionné, qui met en interaction des professionnels de formation radicalement différente dont les intérêts divergent souvent. Je pense être l’un des rares directeurs de clinique privée à être sociologue de formation, ce qui me sert beaucoup dans l’exercice de mon métier ! J’ai quitté aujourd’hui ma région d’attache, le Sud-ouest pour la Lorraine où j’ai pris la direction de la Polyclinique Majorelle, plus grosse maternité privée de la région. Nous travaillons au quotidien avec les médecins et les réseaux pour devenir un établissement incontournable dans la prise en charge de la Femme autour de pôles d’excellence comme l’Obstétrique, l’Assistance à la Procréation Médicale et la Chirurgie du cancer du sein. 

Avez-vous vécu des échecs dernièrement ?
Mon plus mauvais souvenir est celui d’un recrutement médical ambitieux et vital pour l’établissement sur lequel nous avions travaillé plusieurs mois avec le président de CME et qui n’a malheureusement pas abouti quelques jours avant le démarrage. Il faut savoir expliquer et trouver les mots avec tous ceux qui se sont fortement investis dans le projet. Nous subissons les contraintes du secteur à savoir des ressources stagnantes et des charges galopantes. L’environnement est très concurrentiel tant dans notre propre secteur, le privé, qu’avec le public, mais nous avons la responsabilité de l’entreprise et devons réagir comme tel. Nous faisons un métier exigeant et l’exercer dans un groupe comme Médi-Partenaires est facilitant grâce aux relations de confiance et à l’autonomie laissée dans nos choix et décisions.

Quelle est la question d’actualité qui vous interpelle ?
Des incompréhensions avec la mise en place des ARS, l’état centralise les pouvoirs au niveau régional mais ne le fait pas au niveau national, je ne vois pas comment ce système pourra perdurer dans l’avenir. Et puis des craintes majeures, nous avons aujourd’hui une taille et un projet médical qui nous permet de recruter encore de jeunes médecins. Mais la démographie médicale en obstétrique, le poids des assurances, des « vraies fausses bonnes idées » comme le dit si justement notre syndicat, que sont les maisons de naissances, vont finir par tuer les maternités privées de moindre taille et mettre en péril les autres. En conséquence, le secteur privé doit toujours avoir un temps d’avance, rester constamment en alerte et faire preuve de créativité et d’audace.