Trois questions à Stephen Chiche

dr stephen chiche, Directeur du Pôle de santé du Plateau à Clamart et Meudon (92)

 

Récemment quelle est votre plus belle réussite?

C’est pour moi notre dernier projet en date, la création du Pôle de santé du Plateau issu du regroupement de la Clinique du Plateau et de la Clinique de Meudon. Ces deux cliniques, distantes de 3 km, étaient en difficulté financière. La clinique du Plateau ne pouvait plus se développer et la clinique de Meudon accusait un déficit de 25% de son chiffre d’affaires. Il a donc été vital de s’agrandir, rénover et surtout redéfinir un projet d’établissement cohérent. Ce projet a été basé sur nos 5 spécialités chirurgicales et notre fort ancrage en cancérologie. La complémentarité entre le court et le moyen séjour s’est avérée essentielle dans notre binôme. Nous sommes actuellement en mesure d’offrir l’ensemble des filières de soins, des urgences aux soins palliatifs, tout en affichant des résultats positifs. Ceci n’a pu être réalisé que grâce à des équipes dynamiques, un encadrement qui ne compte pas son temps et des personnels volontaires. 

Quel est votre échec le plus cuisant ?
Nous avons vécu des heures de très vive inquiétude au tout début des travaux d’extension de la clinique de Meudon en 2007. Une canalisation d’eau a été percée provoquant en 45 minutes une inondation. Le niveau d’eau a atteint 1,40 m d’eau sur tout le rez-de-chaussée qui a été totalement dévasté. Les services techniques et logistiques (cuisine, TGBT, sécurité incendie, téléphone, chaufferie…) mais aussi la pharmacie, la radiologie et tous les cabinets de consultation ont particulièrement souffert. 130 pompiers, 80 personnels de la Croix Rouge, 40 policiers, le cabinet du préfet, du maire, etc…se sont mobilisés. Cet évènement qui s’est soldé par l’évacuation de tous les patients, la fermeture de la clinique, une expertise judiciaire pour reprendre les travaux et des pertes se chiffrant à 1,5 millions d’euros aurait bien pu signifier la fin de notre aventure. Je n’oublierai jamais l’élan de solidarité de la part des salariés et des médecins mais aussi de leurs familles ainsi que de l’ensemble de nos prestataires à pied d’œuvre dès le lendemain matin pour nettoyer, réparer, changer. Voici comment la vie d’un établissement peut basculer en 45 minutes. Finalement l’établissement a été ré-ouvert au bout de 15 jours et les travaux ont repris 2 mois après.

Quelle est la question d’actualité qui vous interpelle ?
J’espère que la transformation des ARH en ARS, ne sera pas synonyme d’un regard plus administratif et étatique. Notre cadre d’exercice est de plus en plus contraint avec des enquêtes à répétition qui nous renvoient toujours davantage aux contradictions du mode de fonctionnement des établissements privés et des médecins libéraux. D’autre part, je suis assez choqué de la manière dont nous sont retirés des financements pour des missions majeures pour lesquelles au départ un travail d’incitation avait été fait de la part des tutelles. Nous avons par exemple appris par simple courrier que nos gardes médicales en soins de suite hémato cancérologie ne seront plus financées à partir du 1er janvier 2011, alors que de toute évidence cette absence de présence médicale fragilisera durablement les établissements concernés.